le mariage de Tuya

tuya.jpgDans les steppes arides de la Mongolie chinoise, Tuya se cherche un mari. Un époux qui pourrait subvenir à  ses besoins depuis que son véritable homme s’est blessé en voulant creuser un puits. Peinture d’une civilisation en péril, »Le mariage de Tuya » est un film rare, étonnamment burlesque et incroyablement plein. La tragédie sociale lourdissime tant redoutée n’est en fait qu’une apparence. Un film avec une grande subtilité dans ses changements de tonalités et la puissance que provoquent les ruptures dramatiques ou comiques par contrastes.

Avec un humour inattendu et une sensibilité à  fleur de peau, le réalisateur tisse le visage d’une femme qui essaye de prendre goût à  la vie. De la décadence à  la misère, Wang Quan’an insuffle la dose parfaite d’espoir aux yeux d’une famille en proie à  l’abandon. Sans jamais basculer dans le côté misérabiliste du propos, ni dans l’aspect »Thema : civilisation disparue » ce mariage est autant une invitation au plaisir qu’à  la découverte d’une culture et d’un mode de vie surprenant.

Dénuée de sensiblerie, cette histoire sublimement mise en scène – la douceur exaltée de la caméra, pareille à  une caresse, la construction des plans et l’équilibre des lumières sont à  couper le souffle- se voit offrir une profondeur incomparable grâce au talent de son actrice principale, Yu Nan, et grâce aussi à  un scénario et un montage en or, dépeignant avec brio, tact et virtuosité les relations familiales entre les personnages.

Bref, un Ours d’or mérité pour cette oeuvre pudique et belle, drôle et chaleureuse, difficile mais à  l’espoir communicatif. Un film épuré du côté où on ne l’attend pas, avec ce qu’il faut d’intelligence et de pertinence pour que l’on croit, une fois encore, aux pouvoirs du cinéma.

Jean-Baptiste Doulcet

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Le Mariage de Tuya
Titre original : Tuya de hun shi
Drma chinois, de Wang Quan’an – 1h32 – sortie : 19 Septembre 2007
Avec Yu Nan, Bater, Sen’ge …
Ours d’or au Festival du film de Berlin en 2007

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