Cocorosie – The Adventures of Ghosthorse and Stillborn

Les soeurs américaines préférées de ce magazine reviennent pour un troisième album au nom en forme de conte pour enfants. On prend les mêmes et on recommence, mais différemment.

Cocorosie - The Adventures of Ghosthorse and Stillborn

Qu’on se le dise, on l’aura passé dans tous les sens et toutes les humeurs cet album: endormi, réveillé, prêt à  en découdre, soumis à  l’aura… difficile d’évoquer the adventures of the ghosthorse and stillborn de manière unique et péremptoire, tant notre ressenti par rapport à  cet opus aura varié au fil des écoutes et variera sans doute encore une fois cette chronique écrite. Alors on va essayer de procéder avec méthode et vous renvoyer à  votre propre écoute pour une idée définitive.

Il y a d’abord ce constat qu’on peut appliquer à  tous les »weirdos » croisés en musique. Comme tout bon freak musical, Bianca et Sierra Casady se retrouvent coincées dans l’univers qu’elles ont elles-même créé. De la même manière qu’on imagine pas un Marilyn Manson sans le maquillage, un Robert Smith sans les guitares pleines de réverbes et la boule à  zéro…. On imagine plus un album de Cocorosie sans une série d’éléments qui sont aujourd’hui devenus leur marque de fabrique. Des éléments qui seront sans doute aussi bientôt leur croix, si les soeurs US ne trouvent pas de nouveaux filons à  explorer de manière prégnante.

Les fans seront du coup rassurés de retrouver autant d’éléments connus. Mais ils ne sont pas surpris, tout à  la fois. On retrouve bien ici les quelques »signatures » Cocorosiennes habituelles. La voix enfantine de l’une contrebalancée par la voix de sorcière de l’autre (avec un traitement du son sur les micros qui n’est pas sans rappeler Björk, autre freak coincé à  jamais dans son univers), les gris gris et autres jouets sonores qui se font tour à  tour ossature ou arrangement du titre, ou Antony qui vient discrètement poser son coucou sans les Johnsons sur Miracle. On y trouve aussi cet univers mi-romantique mi-beetlejuicien, ni tout à  fait dandy 19e, ni entièrement New wave claustrophobe; ni tout à  fait enfantin, ni tout à  fait adulte. Le nouvel album s’inscrit tout à  fait dans la lignée de son prédécesseur et ne dépareille pas dans la discographie. Du Cocorosie quoi bien, comme à  son habitude avec ces voix anjôleuses sinon sensuelles, mais déjà  comparable aux précédents opus.

Cependant, si elle n’était qu’une resucée des précédents opus, on ne se serait pas amusé à  se passer plusieurs fois la nouvelle galette. Non, continuant leur avancée en crabe (trois pas en avant, deux pas en arrières) les deux frangines s’essaient aussi… A aller poser un timide peton vers d’autres territoires musicaux. On regrettera quant à  nous que ce soit en s’assurant que bien évidemment l’auditeur n’aille pas se perdre ou ne se pique de les confondre avec d’autres. Le plaisir qu’on prend à  découvrir les Casady en train de s’essayer aux joies du dub et du hip hop (rainbowarriors) est bien réel. Il est une des grandes réussites de l’album. Ce qui fait que de cet album là  des Cocorosie on dira encore du bien cette fois-ci. Ce qui fait aussi qu’il résiste aux multiples écoutes. Mais on ne pourra pourtant s’empêcher de penser qu’entre la pochette signée Pierre et Gilles, entre les appuis répétés sur la »formule » habituelle de Cocorosie, avec ses caricatures de conte pour enfant (même que y’a le passage de faux opéra comme chipé à  Lisa Gerard), il y a un peu trop de ferments qui déforment un groupe intéressant en le transformant en un groupe »à  la mode »; qu’un groupe qui détonne dans le paysage finit par en devenir un des éléments ronronnant.

Allez on passe pour cette fois, parce qu’on aime et qu’on en finit pas de revenir sur sunshine, werewolf ou rainbowarriors… et on se glisse le disque encore une fois dans le lecteur.

Denis Verloes

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Touch and go / Pias

Tracklist
01. Rainbowarriors
02. Promise
03. Bloody twins
04. Japan
05. Sunshine
06. Black poppies
07. Werewolf
08. Animals
09. Houses
10. Raphael
11. Girl and the geese
12. Miracle

Durée: 41 minutes
Date de sortie: avril 2007

 

 

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