PJ Harvey – White chalk

PJharvey.jpgLe nouvel album de notre anglaise préférée en rock s’appelle white chalk. Mais il aurait pu s’appeler white magic avec presque autant d’efficacité.

Pour nous PJ Harvey restera pour l’éternité, enfin jusqu’à  temps qu’on passe l’arme à  gauche, la jeune femme longiligne, fuselée dans sa combinaison fuschia moulante; déboulée par une fin d’après-midi sur la scène d’un festival de Flandre. Gros émoi post adolescent, mélange d’érotisme et de claque rock and roll.

On a toujours, du coup, suivi sa discographie avec une tendresse toute particulière, et l’admiration sincère due au constat de recherche pro-active de renouvellement: du rock à  la pop, de la pop au folk bizarro, puis retour un brin facile à  la pop, puis au folk avant de nous perdre quelque part dans un rock bizarro barré.

Longue introduction pour signaler qu’on admire, mais aussi que c’est à  la corde, et à  l’électrisation des foules ou des mélodies que PJ nous a habitués. Même lorsqu’elle collaborait à  des projets plus apaisés, avec le compère Parish, c’est encore cette PJ là  qu’on recherchait.

On est énormément surpris quand on constate que le nouvel opus remise la guitare sinon au placard, au moins à  un rôle de second voire troisième couteau. Et que Polly Jean se réinvente en quelque poétesse romantique 1900 portant une robe haute couture, tissée de paroles de l’album .

Mais on est pas déçu. Si on songe évidemment à  la démarche d’une Kate Bush par exemple, le résultat n’est pas ici un mélange d’atmosphère post punk et de psychédélisme, d’où on s’attend toujours à  ce qu’en déboule un troll et un farfadet. Moins d’exhubérance, moins de démonstration… On évoquera plutôt, et pourtant il n’est pas question d’électronique dans white chalk, l’univers d’Emilie Simon, quand elle s’inventait végétale: solitude, félure psychologique, romantisme pré goth’ à  la Tim Burton et féminité, en sont les maîtres mots. Ou le travail des trop vite oubliés popeux de The Catchers, tiens, pour cette capacité à  distiller mélancolie et déchirure en des pop songs, reserrées, pourtant jamais triste.

Pour parvenir à  atteindre son dessein, PJ Harvey se repose sur la rondeur moins agressive des sonorités de piano et sur une voix qu’elle travaille dans un registre à  la fois plus aigu, plus complet et aux grondements moins rock qu’à  l’accoutumée. Si de multiples instruments, et la guitare, viennent s’imiscer au fil des tranches de vie qu’elle nous livre au long de white chalk; tout semble construit puis produit (par Flood et John Parish) autour de la relation presque fantomatique entre femme et piano, qui porte l’album.

En résulte un album somptueux, mélodique, pop, mais sans concession radiophonique. Un album qui prend l’auditeur par la main et que l’auditeur peine à  lâcher en fin de voyage. Un album triste, mais jamais casse-couilles oú l’artiste semble avoir insufflé son âme et réussi à  la partager. Un album enfin, qui réinvente PJ Harvey mais aussi sa musique. Une gageure à  l’heure des groupes jetables. Un disque dont on espère qu’il séduira autant les fans conquis à  la cause de la »performer » qu’un nouveau bataillon, charmé par son incarnation nouvelle.

Denis Verloes

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Island / Universal

Tracklist
01. The Devil
02. Dear Darkness
03. Grow Grow Grow
04. When Under Ether
05. White Chalk
06. Broken Harp
07. Silence
08. To Talk To You
09. The Piano
10. Before Departure
11. The Mountain

Date de sortie:
24 septembre 2007

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Grow grow grow sur Youtube, extrait de l’émission de Guillaume Durand sur France 2