Le Cimetière des poupées, de Mazarine Pingeot

pingeot_cimetiere.jpgLa narratrice, enfermée dans le bâtiment des femmes pour un crime qu’elle a commis, a commencé l’écriture d’un journal qu’elle adresse dans le vide, utilisant le »tu » pour citer son époux (qui aura peu de chances de lire cette confession).
Se dessine alors l’image d’une femme sensée, accablée mais qui assume son acte. Dans un style qui contient toute la rage contenue, l’amertume et la volonté, ce livre ancre une vérité crue qui peut, bien entendu, procurer des frissons (de terreur, de dégoût).

Sentiments de malaise, d’incertitude, de miséricorde, de pitié ou d’horreur. L’histoire, qui rappelle un fait d’actualités, est douloureuse. Elle n’explique pas ce qu’il s’est passé, ni comment. Le livre s’intéresse plutôt à  accentuer la misère sentimentale du couple, à  cerner la perpétuelle fustigation de la femme, mal dans sa peau, manquant d’amour dès l’enfance, bref déjà  handicapée et assoiffée de reconnaissance.

Il y a donc des passages déplaisants, très secs et désarmants. La lucidité de la narratrice résonne comme une voix qu’on ne voudrait pas entendre, une parole dérangeante mais qui supplie qu’on l’écoute.
Ce livre ne cherche pas à  comprendre, ni à  donner d’explications. Il ne cherche pas à  excuser, ni à  pardonner. Il peut choquer, susciter un tolé de protestations. Justifié, ou pas ?

Le mieux est de faire sa propre opinion en le lisant. Non, ce n’est pas un intérêt malsain. Autant être au courant, »Le cimetière des poupées » ne livre aucun détail glauque ou étouffant. Par contre, le récit n’est pas exempt de chapitres plutôt répugnants, avec des paroles discutables.

Au coeur de son livre, Mazarine Pingeot n’en fait pas trop, avec simplement 155 pages, c’est tout à  fait honorable. Toutefois, dans le même registre, j’ai préféré »Entre mes mains » d’Anne-Constance Vigier (ed. Joelle Losfeld).

Stéphanie Verlingue

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Le Cimetière des poupées
auteur : Mazarine Pingeot
Éditeur : Julliard
155 pages – 17 euros
parution : août 2007