5+5=… Sing Sing

Sing Sing, grand singe intellectuel, se prête, voire se donne, au jeu du 5+5. Jeu dont il ne peut s’empêcher de détourner les règles. Peu importe, on appréciera la verve, le pittoresque et le lyrisme névrosé du personnage.
A découvrir promptement dans son EP »Ton Pire Cheval« .

Janvier 2008.

 

> 10 disques pour toujours (et même beaucoup plus)

Il y a dix références (artistes, albums ou collections confondus). De maintenant et de toujours, parce que je n’écoute pas de musique par »période ». C’est évidemment un choix arbitraire. Il y manque quelques enregistrements improbables de folk turc, de blues grec, de fanfares mexicaines, de bruits divers et de lectures à  voix hautes, Il y manque des tas de gens, de genres et de gentillesses. Il y manque à  peu près tout.

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Kevin Ayers : « Joy of a Toy »
Un songwriter parmi les plus drôles et les plus fous. D’une classe folle; lunaire, généreux, inventif.
Il réconcilie en outre chez moi quelques obsessions à  priori antagonistes (le Velvet et Robert Wyatt, la Pataphysique et le rock n’roll, la nonchalance et l’inquiétude…)

Les Ethiopiques : n’importe quel volume.
Pour l’éternel recommencement, l’or pourpre de ces chants guerriers/nuptiaux euphoriques et violents, le son inimitable, le groove à  mettre les morts sur le toit.

Brigitte Fontaine : « Brigitte Fontaine est Folle »
On en parle généralement moins que de »Comme à  la Radio » (plus free, vaguement plus freaks, plus moderne dans une certaine mesure) mais je l’aime au moins autant. Les textes sont inouîs de panache et de drôlerie flippée, les orchestrations de Vannier me donnent envie de manger les murs et »Cet Enfant que je t’Avais Fait » en duo avec un Higelin d’avant les symagrées est pour moi LE tube définitif. Dans le paysage francophone, avec Marcoeur, Annegarn, les Poètes du Chat Noir, Zutistes, Hydropathes et le Katerine des »Créatures » ce que je connais de plus fier, hilare et déboussolant.

Dick Annegarn : à  peu près tout
Donc. Ici aussi, de la chanson cul par dessus tête, où se croisent bluegrass et harmonies à  la Monk, musiques nord-africaines, comptines et références à  Jarry.
Diurne, curieux, coupant. Exigeant et solitaire. De la vraie matière vivante.

Mayo Thompson : »Corky’s Debt To His Father »
L’album solo fêlé du leader de Red Krayola.
Peut-être mon disque de chevet. Tout en ritournelles obliques, déflagrations rock, pop lunaire et dada, lyrics évidents à  force d’être abscons, avec une science incomparable du cassage de gueule et un chant renversant de maladresse virtuose.
Rallie l’avant-garde aux outsiders fameux de la chantante outre-atlantique. Le grand héros américain (avec Van Dyke Parks et Charles Ives) c’est lui.

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Roberto Murolo : « La Chanson Napolitaine de Roberto Murolo »
On sait bien peu de choses de l’amour et du légendaire »bonheur des tristes » avant d’avoir eu ces crève-coeur là  entre les oreilles.

Pascal Comelade : tout
Entre autres pour l’art princier de la contrebande, la réunion des genres par le retranchement, la culture magnifique et le sérieux dans l’humour. C’est aussi l’un des plus majestueux critiques musicaux du coin.

Bertrand Belin : « La Perdue »
D’une part parce que je l’y retrouve, lui, presque entier : élégant et audacieux, pensant haut et rêvant fort, incorrigible et merveilleux. D’autre part parce que son jeu de guitare kandinskyen est parmi les plus libres qui soient, que son chant »sfumato » de crooner atypique me botte, que son bon sens métaphysique m’est cher. Ses anachronismes déviants, son romantisme incurable et la modernité vraie de son classicisme même font de lui un grand singulier parmi les singuliers.

Jean-François Pauvros : « La Belle Décisive »
Je ne l’ai entendu qu’une fois. Je m’en souviens à  peine. Mais je n’en finis plus de le rêver. Ces musiques de rien où intelligence et folie se tiennent la main (les côtes ? le menton ?). Humaniste, défricheur, beaucoup trop rare.

Harry Smith : « Anthology of American Folk Music »
Riche en fantômes, en souffle et en murmures. Des histoires tordues pleines à  la gueule de meurtres et de métamorphoses, d’abus de langages et d’abus de sens. De la science-fiction rurale. Un surréalisme sans nom ni manifeste, du réel par paquets pourtant. Tous les sentiments du monde. Les vrais mondes parallèles contenus tout entiers dans une grosse poignée de chansons aussi mystérieuses que frontales et crues.

Plus+
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La chronique de Ton Pire Cheval
Sing sing sera au Festival Minimum Music à  la Maroquinerie le 02 mars 2008 et le 11 mars 2008 au Pop In en compagnie de son acolyte Red.

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