Soit je meurs, soit je vais mieux

aff film_4.jpgC’est d’abord un réel plaisir d’avoir des nouvelles de Laurence Ferreira Barbosa, absente des écrans depuis quatre ans, dont les premiers longs-métrages Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel et J’ai horreur de l’amour avaient séduit et révélé une cinéaste intéressée par le rapport à  la norme et la transgression, qu’elle s’opère à  travers la maladie mentale ou physique. Cet attrait pour le hors-norme, loin des sentiers battus, s’exprime à  nouveau dans le dernier opus de la réalisatrice de Ordo.

C’est le jeune Martial, ado boudeur et traine-savates (pléonasme?), qui sert ici de vecteur principal à  ce curieux conte initiatique. Il vient juste de déménager avec sa mère divorcée Sabine, femme fantaisiste et instable, et intègre un nouveau lycée dans lequel il peine à  se sentir bien. Jusqu’à  ce qu’il se rapproche de deux jumelles, Ernestine et Colette, filles d’une femme de ménage, adorant visiter en douce les beaux appartements dont leur mère s’occupe. Pour Martial, le passage de l’adolescence à  l’état adulte a inexorablement démarré, coaché par ses deux complices, énigmatiques et surprenantes, jamais à  court de ressources et d’idées pour entrainer le flegmatique garçon sur les pentes savonneuses, mais ô combien tentatrices, d’une nouvelle existence où le danger potentiel côtoie en permanence la perspective alléchante d’aventures inédites.

Réalisé avec peu de moyens, Soit je meurs, soit je vais mieux vaut surtout par le charme que dégagent ses trois jeunes interprètes. Ils communiquent à  cette histoire de plus en plus déconnectée d’une certaine réalité leur fraîcheur et leur spontanéité, sans que l’étrangeté des situations ne paraisse les perturber. En cela, Laurence Ferreira Barbosa capte au plus juste cette période de tous les possibles, de l’expérimentation qui se résume souvent, comme l’explicite le titre, à  pouvoir basculer d’un côté ou l’autre, selon l’enchaînement d’événements loin d’être tous prévisibles. A sa façon, Sabine n’a pas non plus encore atteint l’âge adulte : dépassée, elle cherche aussi à  tenter de nouvelles aventures : rencontres, escapade et elle témoigne au final d’un bel amour pour Martial, fondé sur la confiance.
Par petites touches discrètes, la cinéaste n’en oublie pas pour autant d’ancrer son film dans la réalité sociologique, celle d’une banlieue mêlant grands ensembles et quartiers quasi villageois, celle aussi d’une peur rampante qui fait appeler la police au moindre faux pas.
Porté par un rythme chaloupé – amplifié par la bande originale – Soit je meurs, soit je vais mieux est idéal pour l’été : frais, drôle et plein de charme gracieux.

Patrick Braganti

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Soit je meurs, soit je vais mieux
Film français de Laurence Ferreira Barbosa
Genre : Comédie
Durée : 1h53
Sortie : 16 Juillet 2008
Avec Florence Thomassin, François Civil, Marine Barbosa, Carine Barbosa