Back Soon

aff film_1.jpgIl y a beaucoup de créativité dans ce cinéma-là . Enregistrant sur un mode absurde le mal-être d’un peuple venu du froid, Solveig Anspach signe une petite perle inventive, allumée et, au fin fond, émouvante. Ce n’est pourtant pas le film le plus original qui soit ; toutes les scènes, même surréalistes, paraissent banales puisqu’elles s’arc-boutent à  des décors souvent repoussants malgré leur beauté.

L’hostilité de la Nature, l’inconfort visible du mode de vie, tout vient perturber la magie par manque de couleurs. Pour autant, l’option de tourner dans son propre pays, par volonté, redonne du tonus à  une contrée souvent rebutante dans sa représentation artistique. Farfelu, le film décide de se priver des couleurs délirantes ou autres décors excentriques, bref des artifices ou autres facilités. Tout est inscrit dans une réalité qui, si elle n’est pas au centre du film, n’est jamais bien loin derrière, au fond du plan, et au fond des esprits. La grisaille métallique et sans âme des grandes montagnes de Reykjavik est filmée avec une certaine grâce, privilégiant au maximum la richesse naturelle plutôt que la laideur glauque des constructions qui la parsèment.

L’intérêt du film reste tout de même de mettre en avant l’humour en tant qu’épanouissement, en tant qu’attraction kitsch à  l’obscurité des habitations – et des habitants. Si la drogue est aussi, au-delà  d’un ressort comique de 90 minutes, un aspect plus grave qui dénote des chemins empruntés par une population vouée à  l’abandon et à  l’échec vu le peu de moyens mis en oeuvre à  leur disposition, la réalisatrice islandaise, jamais polémiste, en fait un attribut politique éclairant les idées et la suite, redonnant à  tout le monde le goût de vivre face à  la morosité ambiante. Il y a même un certain délice à  voir Anna fumer six pylons bruts en une journée pendant que ses acheteurs se défoncent chez elle aux champignons en l’attendant – l’occasion aussi de se régaler du rôle du petit français intellectuel jusque-là  bien dans ses pompes. Mais Solveig Anspach sait doter son film d’un humanisme qui conduit au final le film à  se dévoiler comme un objet contre l’injustice, amusé un instant, mais troué d’une douce mélancolie qui fait tout son prix, et surtout son intérêt. Back soon n’est pas la sublimation de la drogue : c’est la sublimation des peines, des gens foutus, de l’espoir face à  son contraire qui s’impose. La sublime scène de la guitare, offerte par le ciel, comme si elle-même était une évasion inaccessible, une illusion de la réussite, vient souligner doucement qu’il n’y a ni espoir, ni retour.

Jean-Baptiste Doulcet

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Back Soon
Film français, islandais de Solveig Anspach
Genre : Comédie
Durée : 1h32
Sortie : 30 Août 2008
Avec Didda Jonsdottir, Julien Cottereau, Joy Doyle

La bande-annonce :

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