L’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube, de E. Moynot

lheurelaplussomb.jpgA la manière du très réussi »Lulu femme nue » de Etienen Davodeau, Emmanuel Moyot, dans son nouveau livre, nous parle du mal être existentiel ordinaire, du train-train quotidien sans espoir, à  travers le portrait d’un homme et d’une femme qui, un (beau ?) jour, se sont rencontrés… pour le meilleur et pour le pire.

D.’un côté, il a Nouria, un femme d’une quarantaine d’années, serveuse dans un restoroute, mère d’un gamin de 16 ans déjà  emprisonné qu’elle ne voit plus beaucoup, et qui subit le machisme ambiant et notamment le harcèlement de son patron. De l’autre, il y a Jean-Claude, un chauffeur routier sans histoire, père de famille avec femme au foyer, mais dont le destin va basculer lorsqu’il va décider de sortir Nouria de la galère. Fin des emmerdements pour l’une, début des ennuis pour l’autre »

Chronique sociale, histoire banale du désordre familial, »L’heure la plus sombre » » est un récit foncièrement noir, une historie ordinaire de deux vies qui se croisent avec »pétage de plomb »s en règle… bref, le genre d’histoire que l’on a tous plus ou moins connu ou entendu autour de soi et qui s’exprime parfaitement ici sous le trait impeccable de Moynot dans une narration qui alterne en permanence le point de vue de l’homme et celui de la femme. Un procédé narratif qui donne tout son intérêt à  l’histoire.
Là  également où le livre est vraiment réussi c’est dans la manière d’aborder ses personnages, sans jugement, avec beaucoup de respect et de justesse et sans forcément tomber dans la surenchère facile dans un tableau déjà  bien sombre.

Si on avait déjà  pu apprécier le travail de cet auteur par le passé, et pas forcément dans les adaptations (à  la Tardi) des romans de Léo Malet, mais plutôt sur des séries ou des »one shot » (« Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s’échouer sur nos rivages ? »), avec ce dernier livre, il confirme tout le bien que l’on pense de son style et de la manière avac laquelle il mène ses récits.

Benoît Richard

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L’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube (one shot)
Scénario & dessin : Emmanuel Moynot
Editeur : Futuropolis
80 pages couleurs – 16€¬
Parution : novembre 2008