Fleur du désert

fleur.jpgLe cinéma est-il plus important quand il soulève des questions, ou bien quand il impose avec affirmation un sujet sans issue artistique possible ? La démarche est-elle plus importante que le point de vue lui-même ? A ces questions, »Fleur du désert » ne peut échapper, sans que l’on y trouve forcément réponse.

La logique humaniste (et peut-être celle, plus discrète, du commerce) a voulu que le film échappe à  toute prise de risque, contant les faits dans un ordre de séquences bien définies, pour ne pas perdre de vue la moindre petite parcelle de spectateurs. C’est que sur un pareil sujet, le danger est d’éloigner le public, chacun étant potentiellement la cible lacrymale de ce mélo véridique et nécessaire. Ainsi l’oeuvre, consciencieuse, y perd terriblement en inventivité et en audace ce qu’elle gagne probablement en sûreté et en universalité. On regrette toujours que ce genre de films, ciblant tant de public, soient condamnés à  n’être que le produit d’une action humanitaire dont l’intérêt peine à  coîncider avec celui que l’on attend du domaine artistique. Difficile toutefois de reprocher à  la cinéaste sa clarté, sa simplicité et son goût immodéré pour l’émotion ; le discours tient sans aucun doute d’une profonde sincérité, parfois perdue dans les décombres d’une construction incapable de dépasser son statut chronologique malgré de piètres tentatives. Liya Kebede révèle un jeu fin et poignant, tandis que les seconds rôles assurent un background croustillant (Hawkins et Spall en tête) qui prouve que Sherry Hormann a au moins en elle, si ce n’est plus, le goût des grands comédiens.

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Jean-Baptiste Doulcet

Fleur du désert
Film australien de Sherry Hormann
Genre : Biopic
Durée : 2h00
Avec : Liya Kebede, Sally Hawkins, Timothy Spall…
Date de sortie cinéma : 10 Mars 2010