The Dears – Degeneration Street

the_dears_degeneration_street_.jpgThe Dears revient pour un inespéré, cinquième album, au plus fort de sa formation – le groupe est à  nouveau un sextette – mais pas au meilleur de sa forme. , Loin de là . Derrière une production écran de fumée, se cachent des mélodies ultra convenues pour ne pas dire pire. Oh my dear !

En 2008,, après le départ des autres membres du groupe, Murray Lightburn se retrouva seul avec son épouse de clavieriste Natalia Yanchak , pour un album, Missiles plus difficile d’accès. En 2010, , Patrick Krief, Roberto Arquilla et Rob Benvie, des anciens, réintègrent le navire, the Dears pour enregistrer donc ce, Degeneration Street. Ces détails biographiques expliquent peut-être le rendu et la qualité de ce nouvel album qui peut se percevoir pour, The Dears comme un vrai retour aux affaires avec une forte envie de redevenir un groupe important après le fameux, Missiles quelque peu passé inaperçu. Pour cela, le groupe n’y va pas , quatre chemins, ayant la prétention de faire une oeuvre ambitieuse, longue ne serait-ce que par sa durée, bourrée de tubes rock, de soul (plus que d’habitude) et cerise sur le gateau, d’une richesse de production à  faire passer Radiohead pour un orchestre de bal musette., Bref,, The Dears ne fait ni dans la modestie ni dans le light. Pourtant, à  l’écoute de, Omega Dog, on croit le pari réussi. Le titre envoûte autant que le meilleur de, TV on the Radio avec une mélodie veloutée et soul dans un brillant écheveau musical ; c’est riche et c’est fort.

Malheureusement,, The Dears aura fait sensation un morceau car la suite, à  une ou deux exceptions près, va faire figure de dégringolade dans les abysses d’une pop ultra convenue, archi entendue, voire carrément soupe. , N’en jetez plus ! , Le groupe a beau soigner sa production à  coups de gros sons et d’arrangements enrichis, on a l’impression que c’est avant tout pour cacher l’indigence des compositions. Il a beau, proposer des ruptures de tons et des ponts parfois intéressants, quelques parties instrumentales à  la musicalité recherchée mais dans ses fondements, ces mêmes morceaux sont d’une banalité confondante : comme une maison que l’on voudrait richement décorée alors que son plan directeur ressemble à  une vulgaire boite à  chaussure., Que dire de, 5 chords ? Qu’au mieux, on peut lui consentir un petit air, Friday I’m in love des, Cure sur son refrain ; qu’au pire, l’énergie poum tchak et la mélodie évoquerait plus un titre en lice pour l’Eurovision que tout autre chose. Que dire encore d’easy suffering qui essaye de faire revivre une béatitude pop années 60 mais dans une mélodie tellement bateau que le morceau finit par ennuyer ?

Degeneration street est bourré de titres qui se chantent la main sur le coeur, l’air outrageusement affecté ou le briquet allumé pour les passages les plus soul du disque (Lamentation, plus proche de, Poetic Lover que de, Curtis Mayfield)., à‡a sent un peu le sentimentalisme forcé et l’excès de pathos ; , sensation un peu pénible de n’être même plus en train d’écouter Oui FM – ce qui serait un moindre mal – mais bien RTL2. Rien n’y fait, ce mauvais arrière goût est durable :, The Dears a beau rajouter des guitares musclées (Blood, Stick w/My kid), tout paraît lisse et FM.

Un cran au dessus,, Thrones essaye de faire renaître , Pulp mais cette honnête brit-pop d’arrière garde a totalement perdu sa pulpe inventive. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et malgré son excès de miel,, Unsung heroes reste un honnête morceau pop/soul porté par un certain souffle. Accordons leur une qualité retrouvée sur l’avant dernier titre, 1854, l’autre très bon titre de l’album, preuve que, The Dears peut réussir encore à  faire une pop bon teint , avec une envolée lyrique maîtrisée entre Gainsbourg et, Coldplay.

The Dears a toujours été un groupe aux mélodies fédératrices mais avec Degeneration street, le groupe a passé la ligne blanche qui transforme un groupe populaire en groupe populiste utilisant des moyens faciles pour plaire au plus grand nombre, quitte à  devenir de mauvais goût., Qu’il est loin le temps de No Cities Left, époque où, The Dears était comparé à  juste titre aux Smiths, ce qui était aussi étonnant qu’intéressant avec son chanteur black aux intonations soul. Le groupe s’est rapidement détaché de cette encombrante filiation. On le regrette presque, cela ne garantissait pas une originalité mais quand même une certaine élégance d’écriture. Ce qui fait largement défaut ici.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 11 avril 2011
Label : Dangerbird records / V2

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