Chroniques express 78

BAMBI KINO / TIM HOLEHOUSE / CHAPELIER FOU / MAYBESHEWILL / ZEM / JESTER AT WORK / DOMESTIC POP DEUX / RAY STAR KELLY / ALEXANDER / CAKE / FIGURINES / GARDENS

 

BAMBI KINO – Bambi kino

Bambi Kino, c’est un peu Gus Van Sant reprenant plan par plan »Psychose ». Sauf que pour ce groupe de circonstance – derrière lequel se cachent ni plus ni moins Ira Elliott (Nada Surf), Erik Paparazzi (Cat power), Doug Guillard (Guided by Voices) et Mark Rozzo (Maplewood), l’objet de vénération ne s’appelle pas Hitchcock mais les Beatles. A 50 ans d’intervalle, jour pour jour, dans la même salle,, Bambi Kino reprend morceau par morceau le set exact des Beatles lors de leur concert à  l’Indra de Hambourg le 17 août 1960. Une précision de mono-maniaque qui force le respect et qui permet, , de redécouvrir, des classiques, de Chuck Berry, Buddy Holly, de Phil Spector et même de Besame Mucho. Les Beatles, alors à  cinq, étaient encore marqués par, le rock’ n roll et Bambi Kino, en clone parfait, l’est tout autant., A conseiller aux, archéologues du rock ou aux fans des Beatles, d’avant Liverpool et Georges Martin. (2.5) Denis Zorgniotti
Tapete records / Differ-ant / Juin 2011

timholehouse_grit.jpgTIM HOLEHOUSE – Grit

A écouter cette voix burinée de charretier, ( à  faire passer Tom Waits pour un des »Choristes »), ça m’étonnerait que Tim Holehouse ne boive que de l’eau et fasse partie de la ligue anti-tabac. A moins que son passé dans des groupes de métal et de hardcore n’ait laissé quelques traces. Pour l’heure, l’Anglais est revenu à  un rock blues beaucoup plus roots parfois exécuté de manière punk, c’est à  dire débraillé et sauvage. Finalement Long road to nowhere ou Blood to spill ne sont pas très loin des Stooges. The Prisonner reprend une spirale Doors-ienne et Broken Bones, fait d’os et de bois dur, arpente les chemins nomades en direction de l’Est. Tout ça pour dire que Grit est au final moins rustre qu’il n’y parait. Mais la voix de Tim Holehouse, jamais dans la douceur et la sobriété (dans tous les sens du terme), pourra en rebuter plus d’un. Tout sauf aseptisé. (3.0) Denis Zorgniotti
Dead Pilot records / Juin 2011

CHAPELIER FOU – Al Abama (EP)

Louis Warynski alias Le Chapelier Fou est, pour le moins, prolifique. En moins de deux ans, il y a,  eu un album, 613, et une trilogie de EP qui se cloture aujourd’hui avec Al Abama. On, connaît donc la musique et la surprise, voire un certain, émerveillement ont laissé la place à  une excellente routine. Le musicien est toujours à  son affaire, pour créer des, instrumentaux entre Yann Tiersen et Prefuse 75 où son violon et, parfois une guitare acoustique cotoient des programmations électronica pour un résultat entre nostalgie enfantine et mélancolie adulte, entre chaleur sentimentale et froideur clinique. Avec son sample de vieux, piano et son farfisa aux airs d’orgue de barbarie, Al, Abama semble tout droit sorti de »Pépé, le Moko » ;, ce, qui représente une nouvelle, voie possible, au style déjà  connu du, musicien., , Le reste de l’EP demeure d’un excellent niveau et Right place and time left est même, un de ses meilleurs morceaux à  ce jour., A, presque envier ceux, qui vont découvrir la musique hybride du Nancéen chapeauté aujourd’hui, et se prendre cette jolie alchimie en plein coeur. (3.5) Denis Zorgniotti
Ici d’ailleurs /, Discograph /, Mai 2011

MAYBESHEWILL – I was here for a moment then I was gone

Profitant d’un début de renommée et d’une enrichissante existence de 5 ans notamment passée en tournée en Europe, Russie et Japon, Maybeshewill se paie le luxe, d’enregistrer le (faux) premier album, de, ses rêves avec de bons moyens dans un vrai studio (les deux précédents, étaient »home-studio »)., Dès lors, le risque de vouloir en mettre plein les oreilles est patent et les Anglais n’y échappent pas : avec son grand piano, sa symphonie de guitares et de cordes, leur post-rock métallisé a parfois, l’emphase d’un Muse boursoufflé (excusez, le pléonasme). Dommage car il, y a de très bonnes choses dans I was here for a moment then I was gone quand Maybeshewill se la joue un peu plus light., Dans ses meilleurs passages, les Anglais évoquent 65 Daysofstatic et même Explosions in the Sky.Vous me copierez 100 fois : , « non, je ne rajouterai pas des cordes échevelées sur des guitares épiques et un piano romantique » »non, je ne rajouterai pas.. »., (2.5) Denis Zorgniotti
Function records, /, Mai 2011

ZEM – Freedom machine

Celui-là , je m’apprétais à  le détester et, à  déjà  affuter ma plume. Je ne sais pas moi,,  je connaissais l’intérêt de ZeM pour le classic rock US, pas vraiment mon truc,, et je le, percevais ainsi un peu, comme un David Hallyday en plus couillu (pas difficile). Et puis ce côté people tendance »Faîtes entrer l’accusé » (ZeM est fils d’un parrain du grand banditisme), et puis cet autocollant »Parental advisory » qu’on retrouve comme outil marketing sur les pochettes de groupes rock de MTV…. Et puis, on écoute le disque et on se dit que dans le genre, c’est quand même plutôt bien fichu. Du bel ouvrage qui trouve sa plus belle incarnation dans Watch your step, un titre dense et, profond qui rappelle le meilleur de Live, Red Hot Chili Pepper ou de Bush. Le rock de ZeM n’est, que rarement, bourrin, et il est, joué avec, beaucoup de, feeling. Il trouve souvent, le bon équilibre entre énergie et émotion, entre, refrain, évident, (parfois un peu trop) et, belles nuances, harmoniques qui lui font prendre quelques jolis détours. Dernier mea culpa, ZeM se révèle être un vocaliste au charisme évident, dans un timbre original proche de John Frusciante. L’album aurait mérité d’être, écourté (Un Hour Cour téléphoné, un Can’t stand lénifiant, quelques titres un peu longuets) mais comme on en attendait rien de bon, c’est déjà  une, honnête surprise. , (3.0) Denis Zorgniotti
MVS records / Mai 2011

JESTER AT WORK – Lo-fi, back to tape

A Pescara sur la côte Adriatique, se trouve un fou de folk pur et dur qui enregistre son disque sur un magnétophone à  bande par choix plus que par nécessité. Remarquez la prise de son n’en est que plus belle. De sa voix grave et avec sa guitare acoustique, Jester At Work, emplit l’espace d’une musique de vieux baroudeur. Quelque part, Neil Young, et, Mark Lanegan doivent veiller au grain pour que l’Italien ne perde pas ce caractère authentique et profond. Ce qui n’arrive jamais, les chansons de Antonio Vitale (son vrai nom) ont la simplicité de celui qui chante comme si sa propre existence en dépendait. Très classique mais vraiment bien à  fortiori quand une basse vient donner un cadre plus solide à  la composition et qu’une deuxième voix -féminine- vient nuancer le timbre viril du monsieur. Excellent même le temps de quelques titres à  l’esprit plus indie – et dès lors plus proche de Swell, : Not far from here au choeur et au gimmick qui fait mouche,  ; sur Invisible man et right words, les arrangements se complexifient dans, un camaieu de nuances, (avec notamment un violoncelle sur le premier et un piano sur le second) et l’atmosphère devient marécageuse., Avec Jester at work, l’est des Apennins ressemble à  l’ouest des Appalaches. Une jolie découverte essentielle pour les amateurs de folk ; , recommandée pour, tous.(3.5) Denis Zorgniotti
Twelve records / Juin 2011

VARIOUS – DOMESTIC POP DEUX (compilation)

Pour fêter sa cinquantième sortie, l’excellent label LOAF recordings sort une nouvelle compilation ;, l’occasion de retrouver quelques fleurons de la maison (The Chap, Nickel Pressing, Ben, Butler, & Mousepad, mais ni Gablé ni Seeland), d’entendre quelques inédits et de découvrir de nouveaux groupes dont on parlera sans doute bientôt dans d’autres occasions. Citons,  Clive Tanaka Y su Orchestra dont le Neu chicago pourrait remplacer MGMT et Vampire Weekend comme faiseurs de tube planétaire., Moscow Youth Club rappelle les virées sous acide de Letfield et Dustin Wong,, les expérimentations, ludiques, d’Animal Collective. Enjoyed, , mue petit à  petit sa dream pop evanescente en machine à  danser intelligemment (pensez à  Télépopmusik)., , A l’image du label, l’essentiel de la compilation navigue entre électro-pop, ambiances synthétiques, IDM, Krautrock… mais pas que :, , les Français de Bumble bees font dans la joyeuse antifolk et Social Climbers amène une touche post-punk arty au disque. Quant, aux sales gosses de , Munch Munch, proche d’Happy Mondays, il réactive l’hybride son de Madchester entre new wave et dance., Le genre de compilation qui peut vous coûter cher : à  vous donner envie d’acheter à  sa suite, plein de disques. (4.0) Denis Zorgniotti
Loaf recordings

RAY STAR KELLY – EP

Efficace, groovy, élégant, tubesque,, maitrisée, sensible, volontaire, charismatique,, énergique ; les adjectifs ne manqueront pas pour qualifier la musique de Ray Star Kelly anciennement Mashins. Boosté par la production et le mixage de Romain Clisson (Tahiti Boy, Catherine Ringer), le trio français se hisse carrément au niveau international avec son EP, évoquant tour à  tour New Order, Roxy Music et Phoenix., L’habillage électronique moderne qui enrobe chaque morceau permet au groupe de sortir de ses influences new wave, ce qui n’est pas pour déplaire. Seulement 6 petits titres pour l’instant mais rien à  jeter (avec une préférence pour Roxy and Foxy, , Lady X et Automate). Finalement attribuons à  Ray Star Kelly un seul et unique, adjectif : excellent. (4.0) Denis Zorgniotti
Autoproduit /, Avril 2011

Alexander – Alexander

Nouvel opus pour le leader de Edward Sharpe and the Magnetic zeros: Alexander Ebert. Ebert qui laisse pour toujours (?) filer sa première identité Ima Robot et plonge avec goût dans les années 60 où il puise, semble-t-il, l’essentiel de son inspiration. Moins grandiloquent et moins pop que son travail reconnu avec ESATMZ, voici venir son premier opus entièrement composé lui même, et sur lequel il joue tous les instruments. Une formule qui met en évidence ses racines folk de fort charmante façon. Une formule qui décevra sans doute aussi un peu les amateurs du décorum hippie de Edward Sharpe que j’ai encensé en son temps. Alexander plonge tête baissée dans un univers qu’on place entre les Beach Boys et Simon and Garfunkel. Très joli, charmant et un poil copiste, quoi que musicalement fort bien réalisé. Il m’en faut plus pour me retenir plus longtemps. For fans only (2.5) Denis Verloes
Rough Trade / Beggars – 2011

Cake – Showroom of compassion

, Une des choses les plus sympathiques à  dire du nouvel album de Cake est qu’il s’inscrit dans la lignée des deux albums introductifs sur lesquels on sautait partout dans nos jeunes années fac. Mais c’est aussi et malheureusement à  peu près tout ce qu’il y a dire de ce nouvel opus, pas désagréable à  l’écoute, qui propose comme une continuation honnête, sans plus, de l’histoire du groupe au line up variable: un rock aux confins du funk, un slapping des familles et un recette répétée au fil de l’album immédiatement reconnaissable. Une continuation de l’histoire mais plus la fougue, l’énergie ni les mélodies qui ont rendu le premier album indispensable à  l’époque. Tout au plus un ronronnement bien torché et bien produit, mais qui ne rajoute pas grand chose à  l’histoire du groupe dont les vertes années semblent définitivement restées au XXe siècle. (2.5) Denis Verloes
Upbeat records / Naîve – Janvier 2011

FIGURINES – Figurines

Tiens, si on se prenait une petite dose de pop ! Celle-ci nous vient direct du Danemark et d’un trio, Figurines, qui n’est pas venu faire de la figuration. Fan de la première heure de Pavement et de Modest Mouse, le groupe évolue avec ce nouvel opus, vers plus de douceur. , Il y a un parfum suranné dans les mélodies euphoriques du groupe et pas seulement car la voix haut perchée et chevrotante de Hans Hjelm, rappelle celle de Roger Hodgson de Supertramp. Emmené par un piano, entrainant et une rythmique carrée, le groupe aime les, chansons ciselées, qui vous emportent., Figurines n’aime pas la redite et, ne se contente pas, d’exploiter, jusqu’à  plus soif une bonne idée : le groupe nuance et enrichit sans cesse son propos pour notre plus grand plaisir, (Hanging from above, tip top), . Pas d’excès de sucre (ou presque), de positisme niais (il y a même quelques titres plus sombres), pas de béatitude exagérée mais seulement une bonne pop parfaitement troussée et savoureuse., On en redemande !, (3.5) Denis Zorgniotti
Cargo records / Differ-ant / Juin 2011

GARDENS – Gardens

Avec, Gardens, je regarde le disque à  deux fois : non l’album ne date pas de 1970 mais bien de 2011 !, j’aurais pu m’en douter… il est en CD. Pourtant ce groupe de Détroit, patrie des Stooges, de MC5 et même de la Motown (la vie est bien faîte), , cultive un esprit rock crade bluesy garage pour un disque sonnant dans son jus. Produit par Chris Koltay (Akron Family), ce premier album bourré de fraîcheur et d’énergie sait aussi bien être rentre-dedans que réactiver l’essence de la ballade psychédélique qui vous épargne une prise d’acide par un effet similaire. Et derrière les paradis artificiels, quelques bonnes mélodies pop. De quoi dissiper les, futurs, maux de tête. , Pas mal pour un trio de blanc-becs , !, (3.5) Denis Zorgniotti, 

Alive records / Differ-ant / Mai 2011