Carré blanc

En France, les films d’anticipation sont suffisamment rares pour ne pas se pencher sur la sortie de Carré blanc, premier long-métrage à  peine 77 minutes, de Jean-Baptiste Leonetti venu de la réalisation de spots publicitaires. l’école de la publicité laisse sans conteste des traces dans une mise en scène extrêmement stylisée, pariant, le plus souvent avec raison, sur la symbolique de décors urbains traversés de tours de béton et d’acier. Imaginer un monde futur déshumanisé, où, plus que jamais, l’homme est devenu un monstrueux prédateur – un loup, à  moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un ours – ne fait guère preuve d’originalité. Mais il faut néanmoins porter au crédit du cinéaste novice la capacité à  créer des séquences angoissantes à  l’esthétique glacial. Mêler l’enfance et l’âge adulte du couple protagoniste constitue un deuxième atout de Carré blanc, d’autant plus qu’une similarité assez troublante de traits existe entre les jeunes comédiens et le couple interprété par l’inquiétant Sami Bouajila et la fragile Julie Gayet. Façonné pour devenir imperméable à  toute émotion, un monstre au milieu d’autres qu’il ne parvient plus à  distinguer, Sami Bouajila compose une sorte de responsable des ressources humaines, auteur de tests qui font froid dans le dos. l’utilisation de la bande-son, où l’on entend au travers de haut-parleurs l’exhortation à  procréer – laissant du coup supposer la dénatalité – participe à  l’atmosphère anxiogène.

Carré blanc est donc un film épuré, qui refuse la complaisance de scènes sanglantes ou violentes, préférant travailler sur la stylisation des lignes droites et des parallélépipèdes qui traversent constamment l’image. S.’il avait gagné en nuance et en épaisseur du scénario, le résultat n’aurait pas été loin de la réussite pour un coup d’essai.

Patrick Braganti

Carré blanc
Drame français de Jean-Baptiste Leonetti
Sortie : 7 Septembre 2011
Durée : 1h17
Avec Sami Bouajila, Julie Gayet, Jean-Pierre Andreani,…

La bande-annonce :