Kasabian – Velociraptor

Depuis les débuts de Kasabian je n’ai jamais vraiment été déçu. Le groupe pète un peu plus haut que son cul au fil des années, certes, mais il n’a jamais prétendu être, sur le grand podium de la pop, autre chose que ce qu’il est album après album : un groupe de copistes géniaux, qui ravivent quelques années sans doute avant le revival complet de la britpop – 2014 ma prédiction – la flamme qui s’est éteinte chez les thuriféraires de l’époque, Oasis et Primal Scream en tête.

Et à  chaque nouvelle livraison du groupe je loue l’efficacité mélodique de la formation qui ravive la morgue des Gallagher et de Ian Brown. Des putains de chansons qui filent direct dans la caboche et qu’on aime à  se repasser pour se mettre en forme, avec leur tempo rock et leur côté danse frénétique mélangée. Rien de diamétralement nouveau, jamais, mais le constat que ces mecs là  arrivent à  produire les chansons que leurs modèles peinent à  seulement imaginer aujourd’hui, englués dans l’image qu’ils croient que le public attend encore d’eux. Pendant qu’ils se perdent en conjectures, Kasabian avale des référents et met des kilomètres entre les modèles d’hier et la musique bien contemporaine qu’ils régurgitent.

Le précédent opus lorgnait ouvertement vers le trésor de guerre des Primal Scream de XTRMNTR, la présente livraison plonge quant à  elle beaucoup plus dans le terreau Beatlesien sur lequel a fleuri toute la pop anglaise des années 90. Le ton est étrangement beaucoup plus apaisé que la dernière livraison, et d’une ambiance beaucoup plus classieuse que précédemment. Ca sent toujours la lager et la sueur des pubs anglais, mais c’est allé faire un tour chez le tonton de Katmandou autant que dans l’arrière cours de Manchester où deux frangins se mettent sur la gueule. Ca sent parfois la veste en lama à  franges, dans un trip Lennonien et quasi hippie. Mais du mélange entre le pub et le hashram nait une étrange veste Burburry ou un costard pré mod qu’on croise ailleurs dans le the age of understatement des Last Shadow Puppets, dont Velociraptor est un peu le frère batard, parce qu’il aurait sali son fute au houblon.

Le son semble produit à  l’ancienne, derrière des guitares aux premières loges qui emmènent l’auditeur au fil des mélodies danser la gigue, et une batterie qui bourrine comme un bon Ringo pour se prendre les taules d’après minuit. Il y a du Lucy in the sky with diamonds (cf. La fée verte) à  tous les étages, avec un air voyou que les Beatles n’imaginaient sans doute pas, une fois partis d’Allemagne, pour ce style particulier. Pour les fans de l’album précédent, les single days are forgotten et l’éponyme Velociraptor sont là  pour rappeler avec brio la forme précédente des Kasabian. Le Gillespie des grands jours »C.’est d’ailleurs le morceau qui reste en tête le plus longtemps au fil de l’album.

Tom Meighan chante d’autant mieux que sa voix est posée. C.’est la grosse révélation du disque efficace de bout en bout. Mais on n’aime jamais tant Kasabian que quand il taille des bûches.

Du simple du bon, dont le seul bémol consisterait à  dire qu’à  force d’explorer le même territoire musical au long de l’album, Kasbian finit un peu par patiner sur certains titres en fin de disque, quand l’auditeur relâche l’attention et le groupe la tension. Reste que c’est une réussite pop efficace. Et bluffante de simplicité. Encore un disque de Kasabian qui réjouit mes belles heures pop automnales de 2011.

Denis Verloes

Tracklist

Date de sortie: 19 septembre 2011
Label: Columbia / SonyMusic

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