Sous l’entonnoir, de Sibylline et Natacha Sicaud

Sibylline revient sur un passage douloureux de sa vie d’adolescente durant lequel elle raconte les quelques semaines passée en asile psychiatrique à  l’hôpital à  Sainte-Anne.

Avec beaucoup de pudeur et sans jamais s’apitoyer sur son sort tout en rendant parfaitement compte de son état et de sa douleur, Sibylline, accompagnée de Natacha Sicaud au dessin, nous plonge dans le monde effrayant de la psychiatrie à  travers le personnage d’Aline (son double), une jeune femme dont la mère dépressive s’est suicidée d’un coup de fusil dans le ventre alors qu’elle n’était qu’une enfant. Une dizaine d’années plus tard, la jeune femme, à  son tour, fait une tentative de suicide et se retrouve internée. Commence alors pour elle un parcours qui va lui faire découvrir l’enfermement, les malades et les médicaments. Un monde d’où l’on ne ressort pas toujours indemne parfaitement décrit par une Sibylline parlant très simplement de son vécu, de ces journées interminables, de ses crises, de ses rendez-vous avec les médecins ou sa famille, et enfin de sa lente guérison et de sa sortie. Le tout, très finement dessinée par Natacha Sicaud dessinant très bien les visages hagards des malades, les murs sans décor et l’atmosphère déshumanisée qui peut régner dans ce genre d’établissement.

Sous l’entonnoir est un livre témoignage fort touchant et plein de lucidité, raconté par une femme aujourd’hui âgée d’une trentaine d’années et qui a décidé de revenir sur ce moment critique de son existence, rouvrir les portes de Sainte-Anne pour se replonger dans son dossier, pour analyser, pour comprendre avec le recul un peu mieux ce qui s’est passé et ce qui l’a conduit là -bas.

Benoit Richard

Sous l’entonnoir
Scénario,  : Sibylline
Dessin,  : Natacha Sicaud
Editeur : Delcourt/Coll. Miranges
144 pages couelrus – 17.50€¬

Parution : octobre 2011