Le Singe de Hartlepool, de Lupano et Moreau

1814, un navire de la flotte napoléonienne fait naufrage au large des côtes d’un village du nord de l’Angleterre : Hartlepool. Il n’y a qu’un rescapé : la mascotte du vaisseau, un chimpanzé portant un habit militaire. Pour les habitants, il n’y a pas de doute à  avoir : les troupes françaises ont tenté d’envahir le royaume et ce sont eux qui ont capturé un terrible espion. Il va falloir le questionner et surtout le juger.  » Le Singe de Hartlepool  » est un conte populaire anglais mais ses thématiques principales : le racisme, le nationalisme et l’obscurantisme, résonnent d’une modernité et d’une actualité sans égales.
l’adaptation de cette fable tragique par Wilfrid Lupano est une réussite. Les seconds rôles qu’il convoque et dont il se sert pour donner corps à  son histoire sont un régal d’ingéniosité et épaississent le conte sans l’alourdir, lui conférant un final plein d’espoir et substituant le doux-amer à  la tragique saveur originelle.

Graphiquement, le dessin de Moreau est un régal et on y retrouve l’influence et tout le panache du caricaturiste Ralph Steadman : trait épais, traces d’encre, tâches »Les villageois sont plus hideux et simiesque que leur prisonnier et la pureté des traits des jeunes héros n’est pas sans rappeler les jeunes Victor, héros de Tim Burton. l’album jouit donc de dessins magnifiques qui auraient mérité un découpage moins classique s’il faut émettre une critique. Mais c’est bien tout ce qu’on trouvera à  redire.

Stéphane Soulier

Le Singe de Hartlepoo
Scénario : Wilfrid Lupano
Dessin : Jérémie Moreau
éditions Delcourt/ coll. Mirages
96 pages couleurs – 14.95€¬
Parution : septembre 2012