Ra Ra Riot – Beta Love

Déçu ! Le dernier Ra Ra Riot est loin de tenir toutes ses promesses. Là  où le groupe pensait faire un carton, il fait un album de pop opportuniste et facile, aussi jetable que du carton. Beta Love, un album un peu béta.

La langue française est cruelle avec les Américains mais c’est vrai que ce choix de titre tombe mal a fortiori si on ressort en plus du placard le nom de Beta Band, groupe de pop aventureux, défricheur, profond et mélodiquement exceptionnel… Tout ce que n’est pas Ra Ra Riot. Ou n’est plus., Car qui dit »déception » voulait dire »grand espoir » et après le coup de maître Rhumb Lines, premier album du group américain, l’avenir s’annonçait radieux. Le disque renvoyait à  la sphère Broken Social Scene, avec ce côté »pop baroque, grand train » , hautement recommandable. Il rappelait aussi le choc émotionnel reçu à  la réception de la musique de Death Cab for Cutie et de Postal Service, cette utilisation intelligente de programmations électronica associées à  un jeu de guitare subtil. Entre temps, il y avait eu The Orchard, inédit chez nous. De quoi faire naître un sentiment de frustration et une attente encore plus forte pour le prochain album.

Avec Beta Love, la violoncelliste Amanda Lawn a quitté le navire et , les claviers ont pris un pouvoir, écrasant sur tout le reste. Tout ceci semble un peu forcé,  comme si Ra Ra Riot, de manière fort opportune, pensait avoir trouvé la formule parfaite pour changer, chaque morceau en tube »Vous êtes priés de trouver la musique hautement addictive,,  de, bouger sur, cette, énergie communicative et de , fondre, devant tant de, gaité et de positive attitude ». Sauf que, sur la majorité de l’album, , le groupe plaque ses accords bubblegum, 80’s sans grande, finesse, dans un geste aussi tonitruant que, ballot. Qui plus est,, , tout ceci , est fait de manière répétitive et systématique dans une gentillesse un peu niaise (For Once, pas loin d’un Boys Band)., , Une vraie essoreuse à  musicalité, un trou noir à  aspérités, un aspirateur à  émotions. Même la voix de fausset du chanteur,,  avec ses airs de ravi de la crèche, devient vite agaçante : on attend même sur Dance with me et d’autres , le moment où un effet autotune viendra transformer Wes Miles, ledit chanteur, , en clone de , Cher (ça n’arrive pas heureusement, mais – ouf – on l’a échappé belle !). La folie est ici, hautement formatée, là  où Passion Pit – nouvelle référence affichée de Ra Ra Riot, arrivait à , en garder un dose suffisante pour rester un tant soit peu intéressant et personnel.

Bon, on trouvera ça et là  quelques fulgurances où Ra Ra Riot tient encore un peu son rang : le,  Phoenix-ien That Much est plutôt bien ficelé ;, Angel, please rappelle aux affaires des cordes dans un mix distrayant entre Tahiti 80 et Tamla Motown. Avec ses ponts successifs et sa guitare électrique ressuscitée, le dernier I shut off arrive à  trouver le bon ton entre rythmique qui a du peps et mélodie qui, marque les esprits., , Tout arrive à  qui sait attendre mais il est déjà  un peu tard…

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 22 janvier 2013
Label,  : Barsuk records

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