Darkstar – News From Nowhere

Parmi les actuelles sorties en rafale de disques de cet hiver, on n’aurait pas forcément parié sur cette nouvelle livraison du groupe Darkstar qui, contre toute attente, emporte plutôt l’attention. Trio anglais hier adepte d’un dubstep tout électronico-soul, les londoniens avaient déjà  amorcé en 2010 leur changement sur le plus élaboré North, volontiers sombre et robotique mais traversé de sensibles velléités pop. Une mue entièrement achevée à  l’heure de leur, deuxième album, News From Nowhere,, une bonne nouvelle en fait.

Disque ondoyant et comme traversé de courants autant liquides qu’aériens, cet opus au son très digital concocté pour Warp Records parcourt des paysages plus colorés et lumineux que son prédécesseur avec l’apparition notable de vocaux planants, alternant autant collines pop rythmées (Armonica, Timeaway) que grandes plaines électroniques et orchestrales (Hold Me Down).

Un travail sur le son façon laborantins maniaques qui s’apparente autant à  une plongée dans un éther sonore qu’à  la sculpture minutieuse de facettes musicales colorées, revisitant en un séduisant mélange la grammaire pop. Farfouillant autant vers la pop moderniste expérimentale façon Animal Collective – moins la migraine qui va avec – (Amplified Ease) que vers l’ambient instrumentale style Flying Lotus, Four Tet ou Atlas Sound, ces références semées sur leur parcours (que certains ne manqueront pas de leur reprocher) n’empêchent pourtant pas leurs harmonieuses compositions de briller d’une évidente lumière. Et surtout d’une lisibilité de tous les instants, lisibilité façon, « ligne claire » autant hypnotique qu’intrigante.

News From Nowhere, disque fondamentalement de son époque, esquisse le futur possible d’une prochaine électro pop mais revisite aussi avec grâce les fantômes d’une indie pop hantée, : le temps de la mélancolique A Day’s Pay For A Day’s Work éclairée par la voix aérienne du chanteur James Buttery, mélodie céleste qu’auraient pu écrire ensemble Brian Wilson, Syd Barrett et Robert Wyatt en version 2.0.

Le bijou d’un album qui, avec son air tranquille, voire presque lisse, peut sembler parfois sage. Mais qui est à  aborder comme un ensemble, avec ses hauts et ses bas, ses pleins et ses déliés, ses moments d’accalmie rêveurs (Light Body Clock Starter) ou d’emballements ludiques (You Don’t Need A Weatherman). Ce qui pourra sembler faiblesses ou musique d’illustration à  certains révélera aussi sur la longueur un vrai pouvoir hypnotique de suggestion, laissant l’auditeur libre de façonner ses propres paysages mentaux dans les tours et détours de leur pop volontiers méditative (le Hold Me Down final).

Lumineuse, atmosphérique et s’immisçant avec discrétion mais réel entêtement, cette seconde étape du parcours de Darkstar révèlera plus tard si ses couleurs châtoyantes de kaléidoscope persisteront ou s’effaceront avec le temps. Mais on ne peut que vous engager à  découvrir sans attendre ces bonnes nouvelles venues de nulle part.

Franck Rousselot

DarkstarNews From Nowhere
Label : Warp Records / Rough Trade
Date de sortie : 4 février 2013

le site de Darkstar