Lycoriscoris – From Beyond the Horizon / Ametsub – All is The Silence

Le Japon, l’autre pays de l’électronique ? Baignant dans une culture séculaire laissant une place importante à  l’onirisme, les artistes japonais sont passés maîtres en musiques de la matière et de la sensation. En voici deux exemples.

LYCORISCORIS – From Beyond the Horizon

Derrière ce patronyme bizarre se cache un jeune Tokyoîte de 25 ans, fraîchement débarqué en musique avec ce premier album de pure electronica. Fait important et symptomatique, From Beyond the Horizon invite sur Daydreamers, Piana, égérie de,  Noble record, peut-être le label de référence , lorsqu’il s’agit de musique électronique à  la nippone. La chanteuse et son timbre kawai amène une touche onirique dream pop à  une musique déjà  riche en sensibilité. Un titre au charme enfantin qui ne peut venir que de l’île du Soleil Levant et nulle part ailleurs. La musique a la finesse ici d’un origami et aucune programmation ne ressemble au martelage d’une grosse caisse : sonorités froissées, programmation en jet d’aérosol, rythmique échantillonnée donnant des à -coups, on retrouve ce style , d’electronica proche de Four Tet, cet art de la matière qui crée de la texture musicale. Mais le forme et le travail sonore de Lycoriscosis le producteur et l’ingénieur du son ne serait rien sans la musicalité de chaque instant amenée par Lycoriscosis le musicien, jouant du piano autant que du laptop. Comme bon nombres de ses compatriotes, le Japonais amène une touche de jazz dans sa musique dans un jeu rappelant Keith Jarreth ou Bill Evans ; associée à  l’enrobage électronique, elle fait de, Lycoriscosis, l’équivalent de Bugge Wesseltoft. Le côté lounge est assumé et porté à  sa plus belle expression. Dès lors, on passe sur certains aspects plus convenus du disque pour se réjouir devant tant d’élégance.

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Date de sortie : Février 2013
Label : Moph record

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AMETSUB – All is The Silence

Avec Ametsub, on franchit une étape dans l’électronique et dans l’abstraction. Le Japonais avait déjà  sorti en 2009 The Nothings off The North, album considéré comme le meilleur de l’année par Ryuichi Sakamoto. Cette reconnaissance a valu à  Ametsub de participer à  de nombreux festivals à  travers le monde. Bref, le Japonais est un artiste qui compte et All is The Silence devrait encore accentuer ce point. Ametsub a la programmation légère mais son univers est grouillant de sons, d’ambiances donnant une vitalité de sous-bois à  des paysages d’apparence monochrome. , Il y a du , Autechre ou de Fennesz dans cette électronique de textures , mais la mélancolie est ici plus présente à  travers des mélodies délicieusement esquissées (Rufousslow). A la différence de Lycoriscoris, la musique est presque à  100% synthétique, sans que l’on perde pour autant en richesse musicale. Presque, car un piano vient discrètement se placer sur Muffled blue donnant avec peu un relief incroyable au morceau. Presque, car une guitare réverbérée (comme il se doit) vient vous faire cligner des yeux sur Vestige for Wind day., Chaque titre semble flotté entre Terre (avec l’envie de commencer à  bouger voire de danser de manière robotique mais sensuelle) et Ciel (la musique d’Ametsub ayant la faculté de laisser divaguer votre esprit). De quoi vous faire totalement tombé sous la charme sur une musique intellectuelle et formelle mais portée par une sensibilité à  fleur de peau.

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Date de sortie : Février 2013
Label : Nothing66

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