Oscar Louise – Empty House

Voilà  bien un disque dont je n’attendais pas grand chose et qui a sû titiller mes sens. Le pseudo, Oscar pour Wilde et Louise pour Brooks, pouvait laisser augurer une certaine élégance de boudoir et d’alcôve et c’est effectivement le cas.

Cette Suissesse (Rachel Hamel de son vrai nom) sait parfois trouver le ton juste pour créer un univers fait de trouble et de beauté.,  , Co-écrit avec Michael Frei d’Hemlock Smith, les titres qui composent Empty House sont portés par une écriture classique. ,  Le disque commence d’ailleurs sur un archet de violoncelle vibrant dans une mélancolie sombre pour un titre évoquant Watine (Forever and a week). Là , où on imaginerait des programmations et des touches d’électronique, Oscar Louise prend la direction opposée privilégiant grand piano, violoncelle, violon, glockenspiel, un Rhodes parfois (un cold steel feutré). Les arrangements trouvent un juste milieu possible entre jazz, musique de chambre, cabaret baroque, folk ténébreux. Les mélodies restent pop, s’emballent rarement dans le roc(k)ailleux (A Tale of The Sea). Le tout est porté d’une voix assurée de diva de la nuit, ton grave et présence élégante de conteuse d’histoire tragique. C’est vrai que par moments, Oscar Louise semble incarner une nouvelle exégète d’une variété internationale de bon ton mais un peu fade dans ses mélodies, : certains titres pourraient évoquer Adèle, voire un, Texas en chambre, (Beyond the wall, pratically blue, oklahoma Betty). Si la Suissesse suivait cette voie toute tracée, on écouterait d’une manière polie, on relèverait la tête sur Unhappy et sur la passion épanchée , d’Absence, (dans leur genre, réussis), mais on en resterait là …Mais Oscar Louise sait se faire moins évidente, plus alcôve sombre que pièce d’apparat, et ç’est dans cette tendance que nous la, suivons, non pas gaiement (ton du disque oblige) mais avec un intérêt non feint. On peut penser aux Murder Ballads de Nick Cave, aux tourments victoriens de And Also The Trees (Lucinda) ; des musiques émotionnellement chargées mais restant confinés dans une distinction princière.

Le meilleur de Empty House arrive surtout, quand tout ne coule pas de source.,  Daffodils a beau être gai et enlevé, , le morceau, vu dans un léger, prisme monstrueux, véhicule bien autre chose., , La musique de Oscar Louise, se dilue dans, un mirage spectral, sur Fourteen et Seconds (d’ailleurs, les meilleurs titres de l’album) : sur ce dernier morceau, les sons se réduisent à  une vibration, ou à  une luminescence mais le piano vient hanter l’horizon, un violon bat la chamade et les choeurs de sirène donnent une atmosphère fantastique à  ce bel impressionnisme musical. On n’est plus du tout dans de l’académisme. Oscar Louise n’est jamais aussi séductrice que quand elle se met en danger. Et nous avec.

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Denis Zorgniotti

Date de sortie : 25 mars 2013
Label / Distributeur : Phenix records / Codaex / CD1D

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