Telekinesis – Dormarion

Une confidence en passant, : nul besoin qu’un disque ou un artiste soit résolument original pour attirer les oreilles, l’essentiel est qu’il procure du plaisir ! Mission amplement accomplie sur ce point avec Dormarion, nouvel album des Telekinesis.

Ou plutôt »de » Telekinesis, devrait-on dire, faux groupe mais vrai projet perso drivé par le one-man-band Michael Benjamin Lerner. Le fait d’avoir pris connaissance tardivement– on avoue que parfois on n’a pas toujours les radars musicaux qu’il faudrait, – du parcours du jeune musicien au physique typique du geek à  lunettes doit aussi avoir son effet. Fidèle en cela à  la tradition de l’indie rock U.S., l’ostrogoth affiche un look d’étudiant attardé débraillé et son affaire c’est bien la pop »mais aussi les riffs et les décibels.

Telekinesis, ou le petit univers d’une certaine légèreté pop intemporelle mariée à , l’immédiateté indie rock des années 90. Troisième épisode d’une mini aventure entamée aux côtés du producteur Chris Walla membre de Death Cab For Cutie, Dormarion poursuit logiquement le parcours du binoclard, entre pastilles pop esquissées, réminiscences new wave, et power pop décontractée, à  la Weezer ou Nada Surf.

Deux références parmi d’autres, déjà  rencontrées sur les sympathiques étapes précédentes Telekinesis! et 12 Desperate Straight Lines, auxquelles on rajoutera ici les évidentes sonorités du grunge historique, l’oiseau étant natif de »Seattle., Rien d’étonnant donc que lors de nombreux détours de ce disque convaincant, franc et direct (le plus accompli des trois),, ses riffs abrasifs, son mur du son sans chichis (Wires, Little Hill, le Power Lines d’ouverture), on croise les bonnes figures connues de Pavement, Sebadoh, voire évidemment, Nirvana (sur Empathetic People). Moment de nostalgie garantie, quoiqu’on en pense maintenant.

Oh pour du grunge de poche mais vraiment réussi, où le plaisir de faire rugir des guitares tranchantes comme aux plus grandes heures des productions,  Steve Albini s’associe à  un vrai art de la mélodie pop immédiate et rêveuse pratiqué par Lerner avec une évidente luminosité (clairs Lean On Me et Symphony). Ou lors d’inédites et convaincantes embardées shoegaze, (l’atypique single Ghosts And Creatures) et techno pop 80.’s (Ever True), assez voisines des productions de l’excellentPorcelain Raft.

Mine de rien, le discret song writer barbu, sorte de petit cousin du Mark Everett de Eels,,  assimilant avec harmonie tous ces différents codes, semble prendre plaisir au fil des années à  ajouter de nouvelles couleurs à  sa palette. Et qu’elle paraisse modeste ou mineure importe finalement peu car, pour connues qu’elles soient, les vignettes réalisées ne manquent pas d’un vrai charme post-adolescent entre nonchalance de slacker et urgence enflammée.

Est-ce aussi l’envie d’une musique plus immédiate, débarrassée des scories inutiles souvent rencontrées de nos jours ou cet actuel désir de printemps et joie de l’instant qui ravive ponctuellement les couleurs de Dormarion, ? Mais une (autre) confidence en passant, grand disque, pas grand disque, on s’en moque :, là , ici, maintenant, tel qu’il est, on l’aime bien.

Franck Rousselot

TelekinesisDormarion
Label : Merge Records
Date de sortie : 2 avril 2013

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Telekinesis sur le site de Merge Records