Purgatoire des innocents, de Karine Giebel

Purgatoire des Innocents le dernier roman de Karine Giebel, passée reine dans l’art du thriller, est si cruel, si intense, qu’un avertissement devrait figurer sur la couverture : âme s’abstenir (le sensible serait même superflu).
L’auteur avait déjà  habitué son lectorat à  ses ambiances morbides, mais jamais elle n’avait atteint un tel niveau.

Que dire de cette oeuvre que l’on »adore » ou que l’on déteste, un livre qui n’accepte pas l’entre deux, à  l’instar de toutes oeuvres provocantes, crues et qui retournent si profondément les tripes.

C’est l’histoire d’un braquage qui tourne mal, d’un pervers de la pire espèce, de victimes englouties par la peur. C’est l’histoire de vies brûlées dans les flammes de l’enfer. C’est aussi l’histoire d’un amour fraternel, de destins forts et brisés. C’est l’histoire d’une séquestration, du syndrome de Stockholm, une histoire fictive qui fait tristement écho à  la réalité. C’est un récit terrifiant, mais il l’est d’autant plus lorsque l’on sait que de tels actes pourraient exister, que de telles horreurs se produisent à  notre époque, à  coté de nous, peut-être chez le voisin.

Certains personnages (un en particulier) m’ont émus aux larmes. D’autres incarnent le mal absolu.
Karine Giebel trifouille, dissèque, remue tout les aspects de la nature humaine. Elle nous expose le visage de la cruauté sans détour ni pudeur, celui du diable ou d’un monstre, qui n’a plus rien d’humain. Mais elle nous montre aussi les facettes de l’homme fort, de l’instinct de survie et du courage. L’auteur saisit brutalement le lecteur dès les premières lignes et l’entraine dans un tourbillon macabre jusqu’à  la fin. La tension qui s’en dégage est impressionnante, presque insoutenable. En fermant ce livre, j’ai senti un dégoût, une profonde tristesse, un étourdissement. On met du temps à  revenir des ténèbres. Ce livre m’a marquée, choquée, comme peu de livres ont réussi à  le faire.

Purgatoire des Innocents est un roman coup de poing, un roman à  nuit blanche, une gifle, un chef-d’oeuvre noir. Giebel a l’art de tremper sa plume dans l’acide, elle a le talent des grands écrivains pour créer des personnages forts et énigmatiques, et sait captiver le lecteur jusqu’au point de non retour…

Sabine Sursock

Broché: 592 pages
Editeur : Pocket / FLEUVE NOIR (7 mai 2013)
Langue : Français
ISBN-10: 2265097845
ISBN-13: 978-2265097841
19€¬ environ