Songs From Another Room

Face à  la crise du CD, une bonne solution : faire de beaux coffrets. C’est le cas pour Songs From Another Room, hymne pour le DYI à  écouter et à  regarder.

Le principe n’est pas nouveau et Raymond Loewy le disait déjà  il y a soixante ans, »la laideur se vend mal ». , Sur Songs From Another Room, dans un format 45 tours qui se déplie, , il y a donc un CD compilation de 9 titres, un DVD correspondant avec 9 clips et des jolies planches de dessins noir et blanc. Un bel objet, complet, rappelant , pour ce même goût de la musique, de l’image et du graphisme, le Lonely is an Eyesore, compilation mythique du label 4AD. Et n’allez pas penser qu’il convient d’avoir beaucoup d’argent pour réaliser un tel projet artistique. C’est même tout le contraire puisque, Songs From Another Room sort via le label participatif Microcultures (avec quelques sponsors quand même) et ce travail à  une échelle artisanale va d’ailleurs de pair avec le but initial de la musique : célébrer l’esprit Do It Yourself et les enregistrements et les réalisations faits maison (cette fameuse »autre pièce » du titre). , Cette manière de produire de la musique n’est pas nouvelle et la compilation débute d’ailleurs avec un titre de R.Stevie Moore, pionnier du , système D. (il est né en 1952) et toujours actif aujourd’hui (il a collaboré avec Ariel Pink ou MGMT).

Aux commandes du projet, il n’est pas étonnant de retrouver Federico Pellegrini, un French Cowboy, qui a toujours aimé travailler avec les autres (lisa-Li Lund, Helena Noguerra entre autres) et qui fédère, pour l’occasion, toute une bande de musiciens en chambre. La liberté de ton est constante et les instrumentations souvent hybrides. Par exemple, Marc Desse restitue l’ambivalence de taxi Girl avec un clavier boudeur et une guitare écorchée (Video Club). Certains sont plutôt adeptes de grattes, mais pas du tout réfractaire sur le fait d’y rajouter une boîte à  rythme et un clavier cheap (St Augustine, à  l’électricité slowcore) ou des percussions joliment désordonnées (Là¸zninger plus folk). D’autres sont plus branchés synthés, là  encore dans des utilisations très diverses : French Cowboy retrouve le minimalisme dansant et addictif de Jacno. AP Witomski allie mélancolie romantique et belle mélodie synthétique dans un In a sense of Conformity aux allures Depeche Mode. Avec, Les Filles et les Garçons, la tentation de la danse est là , mais le groupe sait garder un quant à  soi élégant qui vous pousse à  esquisser plus qu’à  se lâcher.

Sutja Gutierrez, membre de The Fruhstucks, propose un titre lofi certes, mais distillant de bonnes ondes par une mélodie tout en feeling entre pop californienne et funk blanc. Plus froid mais tout aussi fréquentable, le Canadien His Clancyness, moitié canadienne de A Classic Education, rappelle la délicatesse musicale de Grandaddy.Et dès lors, on s’attache au résultat musical et à  une créativité omniprésente.

Denis Zorgniotti

Date de sortie : 23 septembre 2013
Label : Cat(s)fight / Microcultures

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French Cowboy »You Wanna Sing » from Cat(s)fight on Vimeo.