Chroniques Express 112

Tony-Melvil-TrioDEISON & MINGLE / THOT / INUTILI / TONY MELVIL / FEAR OF MEN / STUMBLEINE / EMMANUEL TUGNY / KHAN / TROPICAL HORSES / MASTERS / CHRISTIAN PROMMER / THE BOY IN THE SKY / INSHAPE / MAX COOPER / DILLON

 

dm-ago072rev004-cdDeison & Mingle – Everything Collapsed

La dernière fois que nous avions entendu Deison, c’était pour, Quiet Rooms, une oeuvre musicale construite à  partir de sons glanés dans différentes hôtels,  et retravaillés ensuite. Le travail aboutissait,  à  un matériel sonore entre musique concrète et textures électroniques. Avec lui, on est évidemment dans l’abstraction et l’expérimentation. Sur Everything Collapsed, co-réalisé par Aagoo records et Rev Laboraties, Deison rencontre un possible alter ego, Andrea Gastaldello alias Mingle. Au premier abord, la musique semble plus incarnée. Il faut dire que sur la moitié des morceaux, Mingle amène son piano »Keith Jarret impressionniste » dans cet univers électronique à  la dérive (Optokinetic Reflex proche de Swod). Pour le reste, même sans piano, Everything Collapsed se détache de la musique concrète pour arpenter les voies d’un ambiant texturé, alliant fluidité et sonorités crades. De Aphex twin à ,  Murcof, on a déjà  connu ça mais, on est prêt à  en reprendra bien une tranche car cela fonctionne totalement ; a fortiori quand on se plonge totalement dans l’album par une écoute confinée au casque. Peut-être car les deux électroniciens n’ont pas peur de laisser poindre leur sensibilité en dessinant des paysages plus cinématiques (One million parsec from). (4.0) Denis Zorgniotti
Aagoo Records / Rev Laboratories – Avril 2014
Soundcloud

thot-the-city-that-disappeaThot – The City That Disappears

Depuis 2005, le Français Grégoire Fray fait du rock indus sous le nom de Thot. Lui appelle ça du »vegetal Noise Music ». Peut-être en référence au Végétale d’Ulan Bator ou car les claviers déployés par Thot ressemble à  des plantes aux vertues grimpantes et grouillantes. Mais de manière plus frontale, sa musique rappellera Sin (ses compatriotes) et surtout Nine Inch Nails. On se demande même s’il est possible de pratiquer ce style de musique sans se référer à  Trent Reznor. Ce n’est pas le cas ici, Thot évoquant totalement, NIN, y compris dans l’usage d’un piano qui semblerait tout droit sorti de The Fragile (Keepers, Traces). Alors, on se dit So what ?, ayant l’impression d’avoir déjà  entendu ce genre d’ambiances guitares/claviers avant. Et puis, Fray ne brille pas par son accent…Et puis, se laissant séduire par certaines mélodies (le feu d’artifices Blank Street), on rehausse son avis, décrétant que The City That Disappears est un bon album de genre. (3.0) Denis Zorgniotti
Black Basset Records – Avril 2014 Bandcamp

Inutili-coverInutili – Music to watch the clouds on a sunny day

Il est certain que cet album ne touchera que très peu de personnes. Car groupe italien, car format vinyle (bon, on peut aussi l’avoir en digital, car surtout rock instrumental improvisé,courant sur deux longs morceaux (un par face, comme dans les années 70). Pourtant, il ne sera pas inutile de faire une chronique de ce disque. Inutili déroule son rock dans un long trip tendance hypnotique comme un titre des Doors sous acide, un Stooges sans Iggy Pop ou du Oneida qui resterait dans une ornière rock. L’album s’intitule, Music to watch the clouds on a sunny day mais le ciel proposé par Inutili se charge bien vite d’électricité pour faire gronder foudre et tonnerre dans un déluge sonore fin de siècle. En se munissant d’un parapluie, cet album mérite que l’on y prête l’oreille (3.5) Denis Zorgniotti
Records – Avril 2014
Site

tony-melvil-cavaleTony Melvil – La Cavale EP

De la pochette de La Cavale, on retiendra moins que Tony Melvil se prend pour Spaggiari qu’il a la possibilité , de changer aisément, de tête. Comme une allégorie sur son adaptabilité. En effet, Le trentenaire nuance , sans cesse sa personnalité musicale. On préférera le terme de variété (pour une fois dans un sens noble) à  celui de chanson française (plus réducteur). Car derrière l’unité crée par l’emploi de la langue française et d’arrangements laissant une place importante au violon, Tony Melvil s’étend sur différents territoires musicaux. Dominique A période La Mémoire Neuve (la plus chanson donc) sur Les miroirs à  l’envers ;, Matthieu Boogaerts transformé en chansonnier rigolo sur L’esprit aventurier ou un axe Bashung/Belin dès que la guitare électrique et avec elle un son plus rude s’installe (Sans langue sans visage). On aimera l’une ou l’autre tendance, certains toutes (ce n’est pas mon cas), en tout cas, le multi-facette Tony Melvil a déjà  une certaine gueule. (3.0) Denis Zorgniotti
At(H)ome – Mars 2014
Deezer

Fear of Men – Loom

Le rock à  guitares féminin na pas encore dit son dernier mot, comme on peut le constater avec le premier album des, Fear Of Men, produit par le label, Kanine Records., Sans être forcement original, cet album que l’on jurerait exhumé de la fin des années 90 et qui rappelle furieusement le son des, Lush, Breeders, Belly, Sleeper, Catatonia,etc.., est l’oeuvre d’un quatuor de filles basé à  Brighton., Avec des arrangements assez succincts et une production somme toute assez banale, le groupe parvient à  proposer un amour de musique inde-pop, aussi facile qu’agréable à  écouter. La raison de cette réussite tient sans doute dans le fait que les mélodies et les harmonies déroulées par les filles se révèlent tout de suite charmeuses et vous titillent l’oreille sans jamais vous gaver., Album court et sans véritable creux, »Loom » est joli moment de pop music, sans lendemain, mais très plaisant…. en attendant pourquoi pas une production plus personnelle de la part de ces petites anglaises.(3.5) Benoît Richard
Kanine Records – Avril 2014 Deezer

stumbleine-dissolverStumbleine feat Violet Skies – Dissolver

Certains y verront un certain acharnement, c’est effectivement la troisième chronique de Stumbleine en un an. Tout irait dans le meilleur des mondes, si celles-ci étaient bonnes. Or ce n’est pas le cas, même si tout n’est pas à  jeter dans le trip hop / dream pop de l’Anglais. Que voulez-vous l’homme, en dépit d’un talent certain de metteur en son, , à  tendance à  en faire trop dans le sentimentalisme et c’était encore le cas pour l’EP précédent qui voyait l’arrivée d’une chanteuse à  plein temps, Violet Skies. La jeune femme fait toujours des simagrées vocales, au mieux on dira comme Liz Frazer de Cocteau Twins, au pire comme une vulgaire chanteuse de R’N B (Her Touch). Mais l’association semble trouver bon gré mal gré sa vitesse et de croisière entre les ambiances chiadées – et finalement mieux tenues – de Stumbleine et les lignes de chant évidemment trop chargées de Violet Skies– en dépit d’un joli grain de voix. Rien de renversant (cette électronique Down tempo couplée de guitare réverbérée, on connaît ça par coeur). mais on pourra prendre ça et là  un soupçon de plaisir (Sunset Boulevard) (2.5) Denis Zorgniotti
Monotreme record – Avril 2014
Deezer

Tugny-varietesEmmanuel Tugny & The Lady Guaiba’s wing Band – Les variétés

Avec Emmanuel Tugny, la variété devient plurielle. Nourri de ses voyages (le Brésil surtout, auquel Tugny rend hommage dans Café sous la Lune) et de ses différentes activités (écrivain, philosophe, diplomate), L’homme est multi-facettes et on retrouve sur ce nouveau disque tout ce qui faisait déjà  le précédent Une fille pop. Des reprises variées (un, Ce n’est rien – speedé –, de Julien Clerc, Genova per noi de Paolo Conte, Isn’t it a pity de Georges Harrison, Between the devil and the deep blue sea immortalisé par Cab Calloway, traité sur un mode swing ou encore le classique de Broadway, On the Sunny Side of the street) et des poésies mises en musique (Vitam impendere amori d’Apollinaire). Des compositions marquées par les années 60-70 (de Gainsbourg à  Yves Simon en passant par Burt Bacharach et les Beatles) et des orchestrations à  l’ancienne , avec cuivres, cordes et claviers vintage (mellotron, orgue). Et pourquoi pas un peu de sitar (L’horizon) et une clarinette de l’Est (Sonnet de la Belle cordière) ? En, dandy élégant, Emmanuel Tugny sait laisser la place pour exposer en pleine lumière les autres – y compris au chant avec Sylvain Vanot sur un ardent Credo ou un Suzanna Tissata en clone vocal de Camelia Jordana« Riche, vous avez dit riche ? » (3.5) Denis Zorgniotti
Vila Mariana – Rue Stendhal – Avril 2014 Deezer

Khan – The Enlightenment Machine

Pas vraiment un inconnu sur la scène électro, Khan, de son vrai nom Can Oral s’est d’abord fait connaitre , en duo avec le projet Captan Comatose avant de se lancer dans une carrière solo avec pas moins de , 10 albums parus notamment sur Matador ou Tomlab. En 2014, Khan, désormais installé à  Berlin, continue de produire de la musique électronique, tantôt dub, tantôt trip hop, avec toujours ce souci de proposer quelques chose de singulier. Cette fois, il s’est inspiré de l’artiste Brion Gysin et de son oeuvre poétique »Dream Machine » pour composer un album concept, tout en légèreté et en rondeurs, un album atmosphérique, mêlant sonorités électroniques et instruments acoustiques avec notamment la présence d’un violoncelle pour un résultat plutôt concluant. Paru en mars sur Album Label, The Enlightenment Machine, aurait aussi très bien pu sortir à  la fin des années 90, entre un album de Tricky et de Massive Attack et devrait donc sans mal ravir les amateurs du genre. (3.5) Benoît Richard
Album Label / La Baleine – Mars 2014

Tropical Horse – We Don’t Stand on the Beach

Si vous avez récemment craqué pour les productions planantes, shoegaze, lo-fi et ambient,  de Johnny Hawaii, (sur le label, Hands In The Dark Records),,  vous devriez trouvez sans difficulté votre bonheur avec le dernier et très bel Ep de, Tropical Horses, !, A la fois pop et expérimentale, la musique de, Tropical Horses, (en fait le one-man band d’un garçon basé à  Paris mais originaire de Rennes) dévoile un style et une production vraiment insolite dans laquelle s’entremêlent des influences aussi variées que la surf-pop,, Plastic Bertrand, Spacemen 3, Wavves, Vangelis, Suicide, mais aussi des percussions africaines, des claviers psychédéliques. Une vraie curiosité, un disque court mais étonnant et en tout cas fort recommandable pour qui apprécie les vraies aventures musicales.(4.0) Benoît Richard
Anywave records – Décembre 2014 Bandcamp

MaSterS – Acid Witch Mountain

Ego twister est un label exigeant et singulier, il suffit de parcourir ses productions pour se rendre compte que la plupart de ses sorties ont pour commun une originalité et une manière d’envisager la pop, le rock ou l’électro de manière foncièrement originale. C.’est encore le cas avec ce double Lp signé, MaSterS.Il s’agit là  du projet de deux musiciens (Christos Fanaras, et, M. K. Hauser) basés à  Londres qui proposent avec »Acid witch Mountain » un concept album évoquant, des plaines désertiques aux lendemains de batailles sans pitié, les initiations mystiques des confréries de magiciens, les lames d’acier maculées de sang. Bref, le genre de chose qui sent bon le cinéma en costumes et à  grand spectacle avec la musique qui va avec ! Et pour la B.O., MaSterS, nous a donc concocté un rock baroque qui navigue entre temps calmes et moment tendus, entre post-rock et progressive rock. Une vraie découverte que les plus curieux, soyons-en sûr, ne manqueront pas d’écouter et d’apprécier comme il se doit. , (3.5) Benoît Richard
Ego Twister – Avril 2014
BandcampChristian Prommer – àœberMood

Christian Prommer, fait aujourd’hui figure de vétéran sur la scène électro allemande et européenne. Pourtant malgré une carrière déjà  bien remplie, c’est seulement cette année qu’il fait paraitre son premier album solo : àœberMood., Dj, remixeur, batteur et musicien, membre fondateur des groupesFauna Flash, Voom:Voom et Trüby Trio,, co-producteur avec, Kruder and Dorfmeister, et, DJ Hell, collaborateur de, Carl Craig,, Tony Allen, ou de, Bugge Wesseltoft,Christian Prommer, aura donc attendu 2014 pour sortir son album alors que sa première release pour le label Compost date de 1995., Dans àœberMood, on retrouve à  peu près tout ce qui caractérise le style de ce piller du label munichois créé par, Michael Reinboth, à  savoir le jazz, la house music et les sonorités latines., , Entouré de quelques collaborateurs venus de Munich mais aussi de Los Angeles et New-York,, Christian Prommer, signe là  un album extrêmement chaleureux et dansant, facile à  écouter, qui fait la part belle aux arrangements et aux instruments de toutes sorties. En somme, un joli tour du monde en musique qui remet en lumière un label un peu moins en vue qu’à  la fin des années 90. (3.5) Benoît Richard
Compost – Avril 2014 Deezer

theboyintheskyThe Boy in The Sky -Time (EP)

Membre de The Chiltons, Franck Zeisel s’offre une parenthèse solo toute en douceur. Jeune homme rêveur (comme son pseudo peut le laisser supposer), il propose avec son premier EP, une folk gracile, aimant guitare et, choeurs mélodiques (Don’t shut me out enchanteur). Le naturalisme est,  à  peine troublé par quelques habillages électroniques pastel et, la voix, claire de Franck sied à  merveille à  ce climat champêtre, au fil de l’eau, qui semble parfois éclairé par une lumière Hamilton-ienne. Pourtant avec le temps, la musique prend de la vigueur et de, l’envergure faisant de Boy in The Sky,, le pendant, optimiste, Mark Kozelek,  (Boy in, The Sky),, , ce Boy in the Sky ne manque non plus de goût, puisqu’il reprend Jonathan Richman pour un Something about Mary, à  la flute et au, charme tranquille. Un début en douceur, idéal pour un après-midi printannier (3.5) Denis Zorgniotti
French Toast – Mars 2014 Bandcamp

reversible-inshapeInShape – Reversible

Alors, oui c’est vrai, le son electro techno d’InShape na rien de bien novateur, Ce son assez caractéristique avec ces lignes de synthé aturées, ces basses surpuissantes, ces boucles filtrées, ce son un gentiment crade, et ces guitares heavy qui pointent en arrière-plan, on entend,  tout ça depuis déjà  un petit moment chez Boys Noize, Vitalic, Justice, Etienne de Crécy et dans pas mal de productions Ed Banger. Pourtant, avec ce premier album, les parisiens nous donneraient presque envie que ça dure encore un petit moment. Antoine Abela et Olivier Boutinaud peuvent donc se frotter les mains, ils sont réussi un joli coup avec ce mini LP intitulé »Reversible » car à  défaut d’avoir trouvé le nouveau son electro, ils recyclent intelligemment les bonnes vieilles recettes et parviennent à  faire du neuf avec du vieux, torchant 8 titres très directs, sans fortuite d’une efficacité et d’une puissance redoutable.A l’instar des marseillais de Nasser qui avec leur dernier LP nous avaient déjà  mis la tête à  l’envers, nos deux producteurs réussissent là  une production terriblement additive. InShape : un groupe dont on devrait reparler très vite. (4.5) Benoît Richard
InShape -mars 2014 Bandcamp

Max-Cooper-Human-COVERMax Cooper – Human

Le cas Max Cooper est plutôt intéressant et sort de l’ordinaire. Chercheur en génétique à  l’University College de Londres où il a décroché un doctorat, Max Cooper s’est tournée d’abord vers le hip hop, il y a douze ans, avant de laisser tomber les breaksbeat pour des choses plus expérimentales, plus underground, travaillant notamment sur des créations artistiques accompagnées de vidéos.,  Avec »Human » il nous propose une production capable de grands écarts, assez déroutante, entre électronica et IDM, en passant par des choses presque indus ou ambient, sans que l’on sache au final où se situe réellement la musique de ce garçon. On parlera donc dans son cas de »musique électronique » au sens large du terme, pour évoquer cet album plutôt singulier et en tout cas fort captivant. Artiste avant-gardiste mais bien dans son époque, l’irlandais brouille encore un peu plus les cartes avec ce premier album vraiment inclassable, inspiré par Max Richter et Philip Glass et qui constituerait d’ailleurs une très bonne musique de film d’anticipation, le genre de film qui se passerait en l’an 2235, avec des manipulations géniques dedans et des gens qui marchent au ralenti dans une ville toute grise.,  (3.5) Benoît Richard
Label Fields – mars 2014 Soundcloud

Dillon-The-UnknownDillon – The Unknown

Après »This Silence Kills » un premier album assez décevant paru en en 2011 déjà  sur BPitch Control, Dillon fait évoluer sensiblement son style avec une production nettement plus convaincante que la précédente sur laquelle on ne dansera pas non plus, mais qui dévoile une mélancolie, pour ne pas dire une tristesse tout à  fait palpable et qui donne tout de suite à  sa musique une profondeur et une beauté incroyable. Sur »The Unknown » le piano est plus en retrait par rapport aux sonorités électroniques, ce qui a pour effet de donner des compostions plus épurées, plus minimalistes, pour ne pas dire décharnées, plus sombres aussi, mais extrêmement touchantes, avec un chant au diapason qui dévoile une palette d’émotions tout à  fait étonnantes chez cette demoiselle. Une évolution salvatrice donc pour une artiste qui choisit d’avancer vers l’ombre plutôt que vers la lumière,  mais qui, en tout cas, a le mérite d’affirmer une écriture très fine et des arrangements gracieux pour un album pas franchement gai mais émouvant de bout en bout. (4.0) Benoît Richard
BPitch Control/La Baleine – mars 2014