Isaac Delusion – Isaac Delusion

Isaac Delusion 2014Il serait difficile de nier depuis quelques saisons l’évidente vitalité de la production française, surtout catégorie groupes. Dans ce chaudron bouillant qui brasse autant de sémillantes formations pop-rock (Coming Soon, Pendentif, Garciaphone) que des loustics du genre électrons libres (Aquaserge, Cheveu ou Petit Fantôme, liste non exhaustive), les jeunes artistes de Isaac Delusion ne sont sans doute pas ceux qui affichent la fantaisie la plus débridée.

Mais le duo parisien Jules et Loïc disons « électro dream pop » pour faire vite, monté en un mini-buzz médiatique depuis leurs deux EP il y a deux ans, a eu l’intelligence de prendre son temps pour déjouer les pièges tendus et mettre à  jour leur premier album. Dès la belle The Child You Were d’ouverture, ce disque immédiatement séduisant tout simplement baptisé Isaac Delusion révèle en fait toute l’élégance et la générosité de leur approche.

Autant bercés par l’électro, l’indie folk ou l’ambient pop, les jeunes gens ont harmonieusement mêlé leur influences respectives (Aphex Twin côté Jules, Sufjan Stevens pour Loïc) en une sémillante palette qui mixe autant le groove urbain (Early Morning), l’électro organique (Midnight Sun), une dream pop chatouillée par le dance floor (Pandora’s Box) ou une house tentée par la contemplation ambient (If I Fall).

Autant fils d’Antony & The Johnsons et Patrick Watson (évidentes filiations du timbre androgyne haut perché du chant de Loïc), petits-neveux de Cascadeur ou du duo groovy Mount Kimbie, Isaac Delusion a beau emprunter à  une foultitude d’influences, principalement anglo-saxonnes, le duo devenu depuis quatuor instille une réelle luminosité et un vrai dynamisme à  leur pop moderne soucieuse d’accessibilité grâce à  une production intelligente de maîtrise, d’une précision de tous les instants.

Solaires et dansantes (la funky A Little Bit Too High), mais évitant l’écueil de la volatilité, les compositions de Isaac Delusion le disque possèdent toute une évidente capacité commerciale à  figurer dans les playlists mainstream des radios (c’est déjà  le cas). Mais s’avèrent cent fois plus attachantes, entre mélancolie groovée, nostalgie de l’enfance et hédonisme ensoleillé, que tous les tubes formatés de pseudo-cadors type M83 ou Woodkid ne le seront jamais.

Disque accueillant à  la lumière d’été débutant dont on se prend à  se repasser l’air de rien les plages dont certaines parfois inattendues (Pandora’s Box, très afro pop ou la néo-bluesy Devil’s Hand à la dynamique irrésistible), un voyage léger certes, mais aux humeurs contrastées et aux jolies trouées dans le ciel imprévues.

Un album en forme d’auto-portrait lumineux dressant les larges possibilités du duo qui pourrait bien, s’il persévère, réconcilier sur son nom grand public et amateurs éclairés. Signalons que le groupe réussit aussi à  transformer l’essai lors d’échappées en acoustique, : jetez-donc une oreille à  leur belle cover du Between The Bars du grand Elliott Smith disponible sur leur soundcloud.

En tout cas, avec cette carte de visite confirmant les espoirs placé en lui, Isaac Delusion vous le déclare sans ambages : votre été 2014 est bel et bien lancé. Dont leur excellent album s’avère déjà être la bande-son idéale.

Franck Rousselot

Isaac Delusion. Isaac Delusion
Cracki Records / Parlophone / Warner
Paru le 2 juin 2014

site Isaac Delusion
soundcloud