Nick Mulvey – First Mind

Nick Mulvey 2014La pérennité et la vitalité de la production musicale folk, dans une époque souvent trop éprise de soi disant modernité, auraient presque de quoi surprendre mais on ne saurait sûrement pas s’en plaindre.

À l’image des récents et beaux opus de Damien Jurado, Timber Timbre ou Will Stratton, First Mind, le premier album de Nick Mulvey est une étape que l’amateur d’indie folk se doit de fréquenter sans détour.

Dans le passé membre de l’original – mais assez peu reconnu – groupe de jazz Portico Quartet, le jeune anglais délaisse les instruments percussifs qui étaient son fort (le garçon a étudié l’ethnomusicologie) pour se tourner vers un folk mélodique plus classique. Bien plus que, la référence  » Nick Drakienne,  » dont on a, trop , tendance à  affubler chaque nouveau caresseur de guitare qui débarque, la musique du jeune barbu à  casquette distille une clarté et une luminosité qu’on rapprocherait plutôt de celle de José Gonzalez, monsieur Junip en chef.

Une même fraternité dans la voix, douce et accueillante et un goût pour un son clair et rond partagé par les deux hommes mais un Gonzalez qui serait très fortement bercé par les musiques d’ailleurs, latines, sud-américaines ou africaines.

Dans cet album aux faux airs modestes mais témoignant d’un vrai amour d’artisan pour la belle ouvrage, Mulvey parvient à  trouver un équilibre avec les fondamentaux du folk british intimiste (John Martyn) et un goût pour les rythmiques et atmosphères colorées des, musiques du monde (hémisphère sud en priorité) déjà  explorées par Paul Simon ou Iron & Wine.

Si le très sympathique single Cucurucu, cool et addictif, semble d’ores et déjà  parti pour devenir une des cartes postales musicales officielles de l’été, le disque offre un visage tout aussi rayonnant mais souvent plus concentré et méditatif (April, Venus et sa guitare latino ondoyante).

Comme les réflexions d’un jeune globe-trotter curieux du monde mais assez secret et aspirant à  la sérénité, les compositions discrètes mais charmeuses de l’anglais se font soeurs des chemins métissés déjà  empruntés par l’ami Piers Faccini, période My Widerness ou ceux du jeune David Lemaitre, auteur du récent et remarquable Latitude auquel on songe, souvent.

Disque harmonieux, très accessible mais ne draguant jamais l’auditeur et finement varié dans ses détails (l’africanisant Juramidam, les atmosphériques Ailsa Craig ou The Trellis), avec First Mind, Nick Mulvey inscrit d’un seul coup son nom sur la liste des jeunes espoirs et futures valeurs du néo-folk.

Lequel folk ne fait, selon les écoles et les latitudes (justement), que se régénérer lui-même depuis des années avec une constance et une richesse assez imperturbables. l’auteur de ces lignes ne peut que s’en réjouir, : c’est à  votre tour, maintenant.

Franck Rousselot

Nick Mulvey. First Mind
(Fiction / Caroline / Universal)
Paru le 12 mai 2014

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