Marc Desse – Nuit noire

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Passionnant album que celui de Marc Desse. Attention , je dis passionnant ce qui ne veut pas dire, loin s’en faut, exempt d’imperfections. Non je dis passionnant parce qu’ils sont rares les albums de solistes rock dans l’hexagone qui soient désormais autre chose que des pâles suiveurs de Miossec ou Dominique A »Etre autre chose » c’est aujourd’hui être, capables de synthétiser dans un album, la richesse d’évocation de la langue française et le gros son pop rock des britanniques et des américains. Puisque les deux bonhommes sus-cités se sont arrêtés en chemin, créant au passage leur propre style. Etre autre chose ce serait pousser plus loin encore leur démarche, et éviter de copier le mode d’emploi des deux Ouest-Franciens pour y parvenir.

Difficile, du coup, d’innover dans le genre, rafraîchi à  la fin des années 90 par les deux bonshommes. Marc Desse, qui a vécu et composé un temps aux États Unis, y arrive ( et je ne sais pas du tout pourquoi je place la situation géographique comme un gage de quoi que ce soit). Plutôt que de taper dans les sixties garage et le slacker US en vogue dans la pop française, plutôt que de convoquer l’imaginaire »synthético-glucos »e des années 80 surreprésenté chez les indés hexagonaux d’aujourd’hui, , il convoque des références à  la fois punk et new wave qu’il marie à  un sens inné de la mélodie du refrain qui reste en tête comme un bon gimmick pop.

Qu’il évoque les cheveux de sa belle, ou une séance champêtre Marc Desse se plait à  mélanger des gimmicks qui frappent »il fait nuit noire dans tes cheveux » ou » là  dans le pré je l’ai maquillée ma fiancée« et des ambiances à  la limite du glauque. C’est toujours avec un regard si faussement naîf qu’il balance ses petites histoires d’amour quotidiennes, qu’on se demande parfois si elles ne sont pas chantées par un Dexter Morgan planqué, en blouson noir . Il y a un »passager sombre » derrière la plus simple des ritournelles, une dose de terreur dans la moindre des histoires d’amour (mortes) de l’album.

Cette ambiance est bien entendu amplifiée par la guitare qui fait le plus gros du travail sur le disque. Elle doit beaucoup au son de la new wave (donc au versant encore peu exploré des ’80s françaises) , à , , My bloody valentine et un peu à  la noise pop américaine qui l’a suivi immédiatement aux prémices des 90’s: Dinosaur Jr, Sebadoh…. Il y a ce fuzz , avec réverbération qu’on retrouve sur le forêts des Cure, ces guitares un peu saturées comme chez Joy Division ou même Écho and the bunnymen. Il y a surtout, beaucoup, de son de solo limite métallique qui fit les belles heures des Smiths, mais passées à  l’overdrive comme un bon album de Jesus and Mary Chain.

Il y a dans nuit noire tous les ferments d’un bon album rock français innovant dans sa réappropriation de genres encore peu représentés en France en 2014. Et un style perso que Marc Desse se porte jusqu’au bout du cuir noir. Il y a suffisamment de son bien sali pour enthousiasmer le pré quarantenaires en moi.

En fait le seul élément qui me chagrine sur Nuit Noire, mais genre au point de m’énerver même un peu, c’est ce choix de mixage tout pourri qui rend le français du texte aussi inaudible à  mes oreilles qu’un éructation germanique de Rammstein. Pourquoi ? Pourquoi le bonhomme a-t-il choisi de chanter en Français si c’est ensuite pour ensuite obliger l’auditeur à  pratiquer le même genre d’exercice d’enquête auditive que s’il s’était agi d’un groupe rock US. C’est peut-être justement lá la volonté de l’artiste guitariste. Mais moi ça me saoule. Mais vraiment ça me saoule. Sinon j’aurais vraiment béni cet album. Mais ça me saoule.

Bon OK, juste un peu.

 

3_5

Denis Verloes

 

Tracklist

Date de sortie: 16 juin 2014
Label: Bordeaux Rock / Differ-ant

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