Chroniques Express 122

Chroniques Express 122

La revue des albums en accéléré avec au programme : Arnold Fish, Gecko Turner, Gil Hockman, Dry Can, Balthazar, Odessey & Oracle, Electric Noise Machine, Showstar, Sóley, Adrian Crowley et Polar Bear.

 Arnold Fish "In the Land of the Elephant Blues" Arnold Fish – In the Land of the Elephant Blues

Des gimmicks et des arrangements en provenance directe des années 70… des effets pop psychédéliques à gogo, un sens de refrain et de la mélodie bien assuré… une forme d’extravagance assumée et des références comme s’il en pleuvait (Beatles, Supertamp, T-Rex, Elton John, Bowie, Queen). tout ça, vous le trouverez dans ce premier album du lillois Arnold Fish. De son vrai nom Fabien Versmessen,  ce mutli-instrumentiste décomplexé, une sorte de Rémy Bricka du 59, nous propose là un disque roboratif qui n’est pas sans rappeler l’excellent LP de We Are Toxic paru en 2013. Logique me direz-vous quand on sait qu’Arnold Fish  est membre de ce même groupe. Quoi qu’il en soit, profitez vite de cette production pleine de vieux sons. C’est un vrai régal ! (4.0) Benoit RichardG.O.D. Records (Garden Of Dreams) – mars 2015 – Bandcamp

Gecko Turner - That Place By The Thing With The Cool NameGecko Turner – That Place By The Thing With The Cool Name

Après avoir débuté comme musicien de rue, ce garçon né à la frontière entre l’Espagne et le Portugal a pas mal bourlingué à travers le monde et a enregistré en quelques années et dans un relatif anonymat quatre albums dans lesquels il délivre des musiques sans âge ni frontière que l’on pourra situer entre soul, bossa-nova, musique afro-cubaine, funk et jazz. A l’aise dans tous les styles, doté d’un sens du groove incroyable, le garçon régale encore une fois avec ce nouvel album, rassemblant au passage des musiciens venus des quatre coins du monde : Texas, Nigeria, Cuba, Guinée, Angleterre. C’est frais et chaleureux, c’est entrainant, et ça fait du bien. Merci Gecko Turner ! (4.0) Benoit Richard
Lovemonk label – avril 2015

Gil Hockman – DolorousGil Hockman – Dolorous

Avec son folk « droopyesque » le guitariste de Johannesburg en Afrique du Sud, Gil Hockman, fait partie de cette veine ces songwriters de l’ombre, discrets, pour ne pas dire inconnus, mais dont les chansons gagnent pourtant à être connues au-delà du cercle restreint de leurs amis et de leur famille. On saluera donc avec un certain enthousiasme le charme de cet album dont le style rappellera par moment celui d’un autre grand mélancolique solitaire, Mark Oliver Everett, plus connu sous le nom de Eels. Avec ses guitares, sa voix fragile et quelques machines, Gil Hockman nous offre un album modeste mais au final très attachant. (3.0) Benoit Richard
Bandcamp – décembre 2014

Dry Can - MeanwhileDry Can – Meanwhile

A l’ouverture de Meanwhile, sur Path, on croirait entendre un inédit de Pearl Jam, y compris dans la voix (celle du chanteur/guitariste Antoine Abinun) et les longues saillies de guitare. Ce qui n’est pas forcément un mal (la bande à Vedder est quand même une référence), cela montre même une certaine maîtrise et un sens évident des arcanes du rock. Mais revers de la médaille, cet air de déjà entendu va parfois un peu trop coller à la peau de Dry Can. Loin de Seattle, le groupe parisien va pourtant élargir sa palette. C’est d’ailleurs lorsque Anne Lupieri chante que Dry Can se sépare de sa pesante filiation et lâche un peu de lest en matière de testostérone (ce qui est biologiquement normal). Le groupe pratique alors une musique plus nuancée mais arrangée de manière moins systématique. On peut aimer. (3.0) Denis Zorgniotti
Autoproduit – Septembre 2014 Bandcamp

Balthazar – Thin WallsBalthazar – Thin Walls

On avait adoré le précédent album de Balthazar, Rats, avec sa pop luxuriante et mélancolique, ses envolées de violons majestueuses, ses harmonies vocales bouleversantes. L’émotion pas totalement retombée, on attaque ce nouvel album pour se rendre compte que le groupe a encore fait des miracles et que la magie opère plus que jamais sur ce Thin Walls. Tout est en place, les morceaux s’enchainent avec une facilité incroyable. C’est propre, c’est beau, c’est bouleversant. Et si l’on devait faire une seul reproche au groupe, ce serait peut-être celui d’avoir voulu justement maitriser les choses à la perfection, de ne rien avoir laissé dépasser, d’avoir voulu tro calibré. Mais ce serait faire la fine bouche que d’en rajouter encore car Thin Walls reste un travail d’orfèvrerie pop bien trop rare pour être ne pas être choyé, protégé et loué comme il se doit. (4.0) Benoit Richard
Pias – avril 2015 – Soudcloud

Odessey & Oracle and The Casiotone Orchestra Odessey & Oracle and The Casiotone Orchestra – s/t

Originaire de Lyon, le trio Odessey & Oracle qui doit son nom au célèbre album des Zombies ne cache pas sa passion pour le son de tous ces groupes des années 60 plus ou moins connus que sont Sunforest, Duncan Browne, The Left Banke ou encore Saggitarius… et qui conjuguaient pop et expérimentation avec un certain talent. Malgré tout, la musique d’Odessey & Oracle est loin d’être une copie des originaux, le groupe préférant s’inspirer plutôt que de copier à la perfection le son psyché pop de l’époque comme le font tant d’autres aujourd’hui avec des moyens considérables. Résultat notre trio propose ici un amour de disque soyeux et raffiné, de la pop de chambre délicate aux sonorités à la fois lo-fi, baroques et médiévales qui lui donnent cette originalité et ce côté un peu décalé mais tellement appréciable. (4.0) Benoit Richard
Carton records – 2014 Bandcamp

Electric Noise Machine - PardonElectric Noise Machine – Pardon

« Pardon », ce groupe belge le dit en préambule dans le titre de son album. Pardon pour le bruit sans doute car, collant à son nom, Electric Noise Machine fait beaucoup de bruit. Mais sans guitare avec une basse, des claviers et des tonnes de pédales d’effet. Sur le papier, on pourrait penser que Electric Noise Machine devrait sonner comme Young Gods  mais adoptant un chant braillard symptomatique d’un certain rock américain (noise ou hardcore), les Belges s’éloignent largement de la froideur helvétique pour se rapprocher d’un axe Nirvana-Deftones avec des mélodies fortes, brouillées par la violence mais bel et bien présentes. Dans cette musique sous tension, Electric Noise Machine pourrait même évoquer Girls against Boys (you wear you heels tight) version machine ou Lard, le projet punk rock d’Al Jourgensen. Donc Pardon pour le bruit mais merci pour la musique. (3.5) Denis Zorgniotti
Black Basset records / I For Us Records / CD1D – juin 2015

Showstar - s/tShowstar – s/t

La scène belge est ainsi faîte : de dEUS à Girls in Hawaii en passant par Balthazar, sa qualité est inversement proportionnelle à la taille du pays et dans cette excellence, Showstar apparaît souvent comme un second couteau. Le groupe de Liège n’est pas pourtant à mésestimer et arrive à tirer son épingle du jeu dans un quatrième album bien sous tout rapport. Showstar a pour lui une approche simple et efficace de sa musique. Un esprit « single » qui rend toujours la power-pop des Belges, vives, alertes et mélodiquement chatoyantes. Des guitares accrocheuses post-punk, une basse new wave, des chœurs trouvant de belles harmonies derrière une voix légèrement cassée. Tout cela concourt à faire de cet album sans titre une collection de bons titres aux mélodies diablement efficaces. (3.5) Denis Zorgniotti
Vespasonic / Freaksville – Mars 2015
Bandcamp

Sóley - Ask The Deep cover albumSóley – Ask The Deep

Issue du même morceau de Terre que Sigur Ros, Gus Gus, Björk, Jóhann Jóhannsson ou Emilíana Torrini…), Sóley, par ailleurs membre du groupe Seabear, nous avait plutôt séduite en 2011 avec We Sink un premier album de pop froide et solaire bien dans l’esprit de ceux que nous envoient régulièrement ses congénères islandais depuis une petite vingtaine d’années. Quatre ans après, elle nous revient avec une recette quasi similaire et une production dans laquelle on retrouve ce chant léger et aérien autour duquel viennent se poser des notes de piano et de synthés divers avec des arrangements folktronica assez discrets. Sans être la claque de l’année ni même du mois, ce second album de Sóley reste malgré tout une douceur dont il serait dommage de se priver… un bon petit disque de pop très tranquille et baigné d’une douce mélancolie. (3.0) Benoit Richard
Morr Music / La Baleine – Mai 2015

Adrian Crowley – Some Blue MorningAdrian Crowley – Some Blue Morning
En musique, il y a un principe , un adage, un règle ou une théorie, comme vous voulez, qui dit que plus c’est triste, et plus c’est beau. La preuve encore une fois avec ce nouvel album signé Adrian Crowley. Car, oui madame, ce folk-singer originaire de Dublin est bien de la trempe des Bill Callahan, des Trinderstricks et des Aidan Moffat (Arab Strap). Avec sa voix profonde, son chant détaché et ses arpèges de guitares délicatement réverbérés, Adrian Crowley a tout pour séduire les plus mélancoliques d’entre nous.  En 11 titres, dont le plus long de l’album est aussi sans doute le plus beau (The Wild Boar), l’irlandais déroule un songwriting impeccable et totalement  bouleversant… comme une invitation à la rêverie ou à la découverte de grands espaces… Au choix. (4.5) Benoit Richard
Chemikal Underground /PIAS – mars 2015

Polar Bear - Same As You Polar Bear – Same As You

Un peu de jazz pour terminer cette revue avec les anglais de Polar Bear qui mixent allégrement sonorités jazz et musique électronique dans des compositions très ouvertes qui s’étirent parfois sur plus de 10 minutes. Jamais formaté, partant dans des directions parfois inattendues, la style  de Polar Bear dégage une vraie originalité et une forme de mystère, de froideur qui la rapproche par moment des compositeurs nordiques tels que Nils Peter Molvaer. Si le saxophone occupe une grande place dans les musiques de Polar Bear, la contrebasse, les machines et les percussions ne se sont pas en reste dans un ensemble très séduisant qui se termine en apothéose avec un morceau fleuve de près de 20 minutes aux ambiances orientales et vaporeuses totalement réussi. (3.5) Benoit Richard
Leaf Label – mars 2015 – bandcamp