Wake Up America t.2 : 1960-1963 – John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell

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Militant infatigable pour les droits civiques, John Lewis raconte l’histoire de son combat en faveur de la liberté de la communauté afro-américaine dans les années 50-60. Ce deuxième volet retrace comment des citoyens ont utilisé l’action non-violente pour faire trembler un pouvoir prétendument démocratique qui avait abandonné le Sud aux ségrégationnistes.

couv_wua_t2 Qu’on se le dise, on n’est pas là pour rigoler ! Le combat pour la liberté est une chose sérieuse, et ces militants courageux évoqués dans l’ouvrage forcent le respect par leur détermination à vouloir démasquer un État policier et violent recroquevillé dans le Sud des USA, dissimulé sous la majestueuse bannière étoilée. Le trait noir et blanc de Nate Powell rappelle un peu celui de Will Eisner, en moins enlevé cependant. La mise en page se veut dynamique et tente d’alléger ce récit dense qui intègre certains codes du thriller. Malheureusement, l’alchimie ne fonctionne pas si bien, et au fil des pages, la lassitude gagne malgré l’intérêt du propos. Certes, on est révolté devant la description des brimades ouvertement racistes infligées à ces militants, non seulement par les policiers mais aussi par les civils blancs. Mais cela ne suffit pas pour produire une œuvre remarquable. La narration, quelque peu brouillonne, semble s’étioler sous la répétitivité des scènes et la quantité d’anecdotes qui n’apportent rien, tant s’en faut. J’avoue moi-même avoir été parfois obligé de revenir en arrière après avoir perdu le fil…

Si le scénario, conçu par John Lewis lui-même et son assistant parlementaire Andrew Aydin, soulève difficilement l’enthousiasme, la description des techniques d’action non-violente inspirées de Gandhi est en revanche ce que j’ai trouvé de plus pertinent. On se rend bien compte que cela ne consistait pas seulement à rester planté les bras ballants à un endroit. Il fallait une bonne dose de sang froid et de courage à ces militants, car leur pacifisme affiché n’empêchait pas la violence de l’autre camp, et semblait même parfois la décupler. L’intérêt de l’ouvrage, également historique, se termine par la grande marche du 28 août 1963 à Washington avec les discours de John Lewis et Martin Luther King. Aujourd’hui, on mesure le chemin parcouru. Barack Obama (plusieurs fois évoqué dans le récit) a été réélu à la Maison Blanche, même s’il arrive régulièrement que la police abatte encore les Noirs comme des lapins. The road is long but the dream still glows…

Laurent Proudhon

 

Wake Up America t.2 : 1960-1963
Scénario : John Lewis & Andrew Aydin
Dessin : Nate Powell
Editeur : Rue de Sèvres
192 pages –  14 €
Parution : 13 mai 2015