Angoulême 2016 : bilan et palmarès détaillé

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Retour sur l’édition 2016 du Festival de la Bande dessinée d’Angoulême qui s’est tenue du 28 au 31 janvier avec un joli palmarès malheureusement occulté par une mauvais blague au moment de la remise des prix.

Des auteurEs exclues de la sélection pour le Grand prix, des auteurs récompensés par des prix bidons au contenu inflammable… Angougou 2016 ne s’est pas présenté sous son meilleur jour. Pourtant, on prend toujours autant son pied dans ces charentaises de bulles et de papier, et une fois encore il y avait foule malgré une météo contrariante.
Le festival s’est ainsi ouvert sur une polémique (l‘absence de femmes dans la sélection pour le Grand Prix) et se referme sur une blague douteuse ayant suscité déception et colère chez les éditeurs et les auteurs, avec l’annonce des faux prix lors de la cérémonie de clôture. Venant comme une sorte de contrepoids à la dite polémique, cette petite moquerie sur la vanité des Prix, dont l’ampleur a surpris l’animateur-journaliste Richard Gaitet lui-même, s’est transformé en big pataquès. Certes, dans un contexte difficile pour les auteurs de BD, qui peinent de plus en plus à vivre de leur art, la blague, conçue sans doute comme un antidote à l’ennui propre à ce type de cérémonie, n’était sans doute pas des plus appropriée… De plus, le marché de la BD se porte toujours aussi bien, d’où la frustration et l’agacement plus perceptibles chez certains…
Mais une fois l’émotion retombée, on aimerait croire que certains comportements vont changer, qu’une femme auteure pourra être désignée dans TOUTES les sélections, et ce en TOUTE spontanéité, sans crainte des réactions du colonel « Politiquement correct ». On aimerait croire que les éditeurs, tout au moins ceux qui peuvent se le permettre, feront des efforts pour chouchouter les auteurs dont le talent mérite la plus grande bienveillance.
Quant à l’auteur de la plaisanterie, il s’en est excusé, et c’est tout à son honneur. Que celui qui n’a jamais fait de mauvaises blagues lui jette la première pierre…
Tout semble donc rentré dans l’ordre, et c’est tant mieux. Petit retour sur le palmarès 2016…

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Grand Prix du Festival d’Angoulême :

c’est Hermann qui a reçu cette distinction honorifique, couronnant ainsi l’une des œuvres les plus emblématiques de la bande dessinée franco-belge tous publics et l’un des parcours d’auteur les plus prolifiques du 9e art européen.

Fauve d’Or du meilleur album :

Ici de Richard McGuire (Gallimard), figurant dans le Top 10 de Benzine, remporte le Fauve d’Or du meilleur album. Encore une fois, si vous aimez être surpris, laissez-vous juste embarquer dans cet OVNI graphique pour un voyage à la fois immobile et vertigineux !

Prix du public :

Sans trop de surprise, le public a accordé son Fauve à l’ouvrage d’Etienne Davodeau et Benoit Collombat, Cher pays de notre enfance (Futuropolis), une enquête édifiante sur les incartades barbouzardes de la Cinquième République.

Prix spécial du jury :

le jury a plébiscité Polza et son Carnet de santé foireuse (Delcourt), où l’auteur évoque avec humour comment il a combattu la maladie de Crohn. La remise du prix fut l’un des plus beaux moments d’émotion de ce festival.

Prix de la série :

c’est un comics, Ms Marvel (Editions Panini), qui remporte ce prix. Les auteurs dressent le portrait d’une jeune fille d’aujourd’hui qui rêve de devenir une super-héroïne…

Prix révélation :

Pietro Scarnera est distingué pour Une étoile tranquille (Rackham). L’auteur italien rend hommage à son compatriote Primo Levi, écrivain capital du XXe siècle qui a survécu aux camps de concentration et le raconte dans son célèbre roman Si c’est un homme.

Prix Jeunesse :

Benjamin Renner a obtenu ce prix avec son Grand Méchant Renard (Delcourt). Destiné aux jeunes de 7 à 77 ans, ce conte comique jubilatoire était plus que bienvenu en cette année obscure et tragique, et on peut croire qu’il a été récompensé en partie pour cette raison.

Prix du patrimoine :

décerné aux Editions Warum qui nous font découvrir Vater und Sohn (Père et Fils) dans une intégrale regroupant les strips d’E. O. Plauen, alias Eric Ohser, dessinateur allemand qui connut le succès avant la Seconde Guerre mondiale.

Fauve Polar SNCF :

Tungstène, du brésilien Marcello Quintanilha, reçoit le prix du meilleur polar. Un récit sombre et violent présenté comme « l’un des plus étonnants de l’année », publié chez Ça et Là, découvreur de talents étrangers.

Prix de la BD alternative :

ce prix met en lumière Mauvais Foi Editions et sa revue graphique Laurence 666, un projet collectif « où la Bande dessinée, l’illustration et le graphisme se mettent au service du récit ». But : créer un objet surprenant mais efficace !

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