Les Tribulations d’Arthur Show – Thomas Lélu

Quand un artiste qui fait de l’art contemporain écrit un livre, qu’est-ce qu’il raconte ? Des histoires d’art contemporain, pardi. Une vision douce amère du petit milieu. Franchement poilant !

Thomas Lelu

Voici un artiste qui se moque des artistes. Et comme il les connaît bien, il le fait bien. « Je m’appelle Arthur, Arthur Show mais vous pouvez m’appeler Andy » sert-il à chaque interlocuteur. Mi James Bond, mi Andy Warhol, cet Arthur Show en fait trop. Tout le temps. Du vernissage dans le Marais parisien à la Foire d’Art Basel en Suisse, on suit ses tribulations avec délice. Son principal problème ? Son galeriste le somme de trouver une idée révolutionnaire pour son prochain show. Mais Arthur n’a absolument plus aucune idée. Ça patine. Il s’embourbe.

TribulationsThomas Lélu nous offre des dialogues savoureux qui pourraient paraître caricaturaux mais si vous avez déjà entendu deux artistes se raconter des histoires d’artistes, vous savez ce qu’il en est…
– « Arthur, je suis désolé mais j’en ai marre du caca. Le caca, ça marche pas en ce moment. Le R. Mutt ne se vend pas. Les gens disent que tu te répètes. »
– « C’est pas vrai, tu peux pas dire ça ! Le caca, c’est indémodable. J’ai vachement cogité là-dessus. Y paraît même qu’on mangera notre merde plus tard… »

Un peu scato, mais surtout drôlissime. Thomas Lélu vise juste. Il n’épargne pas ses confrères et leurs travers. Il y a du Jed Martin – le peintre de “La Carte et le territoire” de Michel Houellebecq – dans ce personnage. Tout est détourné pour faire rire. La Fiac (Foire d’art contemporain) devient la Fioc. On croise Pierre Soulages, le roi de l’outrenoir. Thomas Lélu lui fait dire : « Tu sais, j’en ai un peu plein le cul du noir. Tu comprends, mon pote, je passerais bien au rouge mais je suis coincé par mon image ». Vous l’aurez compris, il y a un peu de name-dropping pour faire rire ceux qui traînent leurs guêtres régulièrement au Centre Pompidou ou au Palais de Tokyo mais juste ce qu’il faut pour ne pas perdre le lecteur en route. Ce livre est léger comme une œuvre de Jeff Koons. Dérisoire penseront certains. Surtout bourré d’autodérision et cela fait un bien fou en ces temps où beaucoup se prennent bien trop au sérieux…

Thomas Lélu ne va pas se faire que des amis dans le milieu de l’art contemporain. Mais pas grave car, avec ce livre, il vient de rejoindre la grande famille des écrivains.

Delphine Blanchard

Les Tribulations d’Arthur Show
Thomas Lélu
Éditeur : Léo Scheer
216 pages, 18 €
Date de parution : janvier 2016