BD

Simon Hureau - Palaces   

Ego comme X - 2003

 

 

    Palaces est le premier album d'un jeune auteur bourré de talent, qui choisit ici de relater, dans une série de courts récits de longueurs diverses, les impressions que lui ont laissées un voyage au Cambodge.

Tantôt dans la jungle autour d'Angkor, tantôt dans un énorme bâtiment ayant servi aux exécutions des khmers rouges, tantôt dans l'anarchie urbaine de Phnom Penh, le regard sur le réel et l'extrême attention à tout ce qui l'entoure frappent chez cet auteur. Il y a chez lui une capacité à capter la vie, à se l'approprier dans une démarche marquée par l'authenticité à travers un dessin qui explose de naturel et s'impose à la lecture comme une évidence.

 

    La démarche de Hureau n'est pas celle d'un simple touriste, ce qui permet au lecteur de goûter à autre chose qu'à l'aventure par procuration dans laquelle la bande dessinée se complait trop souvent.

D'un côté les bruits de la nuit.

Ceux des insectes, des animaux, de ce qui grouille dans la jungle lors d'une nuit à la belle étoile sur le site d'Angkor. Un instant de magie.

Mais aussi ceux des âmes errantes dans ce bâtiment délabré où le vent s'engouffre par tous les interstices, convoquant le souvenir de tous ces morts, victimes de la folie du régime khmer rouge. Un instant d'effroi.

De l'autre côté, l'effervescence du jour.

Celui de Phnom Penh, dont l'auteur parcourt les rues à la recherche de son sac et de son précieux carnet de croquis volés la nuit précédente (autre bruit de la nuit). La ville à la fois fascinante et dangereuse, sale mais grouillante de vie.

 

    Dans une attitude qu'on devine presque frénétique, Hureau dessine tout ce qu'il voit, tout ce qu'il sent, tout ce qui l'entoure, avec un dessin virtuose d'après nature qui conserve toute sa vivacité et sa fraîcheur et qui permet de véhiculer à merveille une vision contrastée du Cambodge à travers une série d'instantanés impressionnistes aux ambiances très variées et qui sonnent toujours avec beaucoup de justesse.

Premier album, coup de maître. Clairement l'album du mois.

 

Fred