musique

Sophia - Technology won’t save us

The flower shop recordings/Differ-ant

[4.0]

 

 

Quatrième opus pour l’Américain et citoyen du monde Robin Proper-Sheppard.  Et que de chemin parcouru depuis ce premier album, défendu avec mélancolie dans une salle du Botanique de Bruxelles, quand les Nuits Botanique étaient encore programmées en fin d’année. Quand Samir Barris n’avait pas encore entamé de carrière solo et nous vantait les mérites de l’album Fixed Water feutré du bonhomme. Un musicien qui vivait à l’époque entre Bruxelles et Londres, et dont on avait eu la surprise de croiser le regard intense au bar du Bota.

 

Un album en souvenir d’un ami défunt, triste mais pas chiant, désespéré mais pas glauque ; qu’on a du user jusqu’à la corde, certains soirs de rupture sentimentale. La suite a suivi son petit bonhomme de chemin. Et même si secrètement on ne pouvait que regretter que Robin retrouve un peu de joie, un peu de hardiesse, on reconnaissait aux deux albums suivants au moins une force : celle d’avancer, de remettre en question un groupe à la naissance improbable, sur les cendres de feu god machine. Tout en capitalisant sur sa marque de fabrique : sa capacité à s’énergiser en milieu de titre, sa capacité sans trembler dans la voix, à partager son univers, cette manière poser le chant en deux nappes distinctes, comme une demi octave dessus ou dessous…

On était ainsi passé de la tristesse à la pop, qui sans être réellement frivole, voyait le soleil poindre entre les nuages. Quand Radio 21 (le pure fm d’avant) s’est mis à matraquer sur le royaume, the infinite circles, on reconnaît qu’on avait pourtant un peu lâché l’affaire Sophia.

 

Le nouvel album confirme le constat d’évolution progressive de Sophia. Une fois de plus, Robin Proper-Sheppard a remis en cause les éléments constitutifs de Sophia. Il y a instillé un peu plus de rock d’avant Sophia , beaucoup plus en fait. Des nappes sombres et presque saturées, ainsi qu’une belle constance dans la richesse de la percussion de la batterie et des splashes. Il semble aussi avoir pensé son album comme une petit tableau impressionniste ceint entre deux pièces d’opéra à l’instrumentation presque glam, presque grandiloquente, que sont l’introductif Technology won’t save us et le conclusif theme for the may quenn. Entre ces deux envolées presque dignes d’un bréviaire shoegazzer, Robin Proper-Sheppard distille tout ce qui a fait jusque là la renommée de sa formation. On y trouve, du coup, de belles (quoiqu’un peu lisses) pop songs désabusées, et de jolies ballades où la voix sensible et concernée du songwriter fait mouche. Profitant de toute l’efficacité de la mise en son, Sophia enrichit sa formule de quelques sonorités (on à envie de dire quelques brumes ou quelques brises froides) électroniques comme murmurées à l’oreille de l’auditeur. Autant de « plombe-l’ambiance » aussitôt contrebalancées par quelques phares dans la nuit incarnés ici par de nets et sobres cuivres, ou quelques féminines sonorités de violon.

 

Le résultat évoque tout à la fois Giant Sand et le Sophia d’avant. Luna et le Sophia des albums plus récents. Un beau mélange sobre, trompe-la-mort, gagnant en richesse par une écoute au casque. Un air de « chantons sous les bombes », au son millimétré, qui nous rappelle peut-être à tort -et moins par la sonorité que par la méthode - ,les albums post-punk néo goth du Cure circa disintegration. Et promis, promis, ce n’est pas que parce qu’on entend des cris de corbeaux à l’introduction de birds.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01 Technology won't save us

02 Pace

03 Where are you now

04 Big city riot

05 Twilight at the Hotel Moscow

06 Birds

07 Lost (She believed in Angels)

08 Weightless

09 P.1 / P.2 (Cherry trees and Dept Collectors)

10 Theme for the may Queen N

 

Durée: 39’57

Date de sortie: février 2007

 

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