musique

Kasabian - Empire

RCA/SonyBMG

[3.5]

 

 

Oui Kasabian n’invente strictement rien.

Et mieux, pour tout qui a connu les glorieuses heures des Stone Roses, de Primal Scream, de The Verve et d’Oasis, le combo a comme un parfum de déjà entendu, qu’on abordait jusque là avec une certaine morgue : « Ecoute coco, moi des groupes qui remontent aux Beatles et aux Stones en durcissant le son, si tu veux je les ai tous suivis à l’assaut des scènes de 1989 à 1994, alors ton Kasabian là… » Et c’était presque vrai, vu que le groupe avait un petit côté redondant. Il sonnait encore trop vert pour remporter l’adhésion franche et massive.

 

Le groupe a laissé mûrir son son, la production évolue, et dans la forêt de groupes proto-punks ou new wave qui nous assaillent les oreilles, Kasabian en arrive finalement à être le seul rejeton d’une scène 90’s moribonde dont le groupe reprend le flambeau ici avec efficacité. Mais que les fans se rassurent, en faisant mûrir leur son, ils ne perdent pas ce qui faisait aussi leur début de force. Sergio Pizzorno est toujours apôtre d’un gros son de guitare, bien gras, bien lo-fi, mis au service de titres pop rock qui parviennent toujours à faire mouche. La voix de Tom Meighan est toujours celle d’un lad revendicateur, grande gueule, burinée les soirs de match dans un pub forcément enfumé.

 

Mais c’est en sous-sol, en second rideau que se joue la discrète révolution qui rend l’album attachant. Derrière une guitare qui nous semble pourtant carrément mieux produite, et une rythmique mi organique mi électronique qui assoit sa place dans le mix. Un mix qui d’ailleurs fait la part belle au côté « liquide » et groovant de l’album dans lequel le groupe se laisse emporter. On tape du pied en continu et on a envie que rouvre La Hacienda, pour aller s’y trémousser  les poings à hauteur du menton.

 

Derrière. Derrière les compos tenant régulièrement la comparaison avec ses illustres parents, - les riffs de Squire en moins, le groove de Mani en suspens- ; Kasabian use d’arrangements électroniques beaucoup plus torchés et mis en avant (qui ne furent malheureusement pas perceptibles leur de leur prestation au Rock en Seine 2006) : bleeps, echos, violons, clavier, gimmicks saturés, bpm en surrégime. Ils viennent remplir les vides sonores laissés par l’écriture du morceau. Au sentiment de flux qui se dégageait déjà, Kasabian ajoute donc ces effets de vagues rapides, ces nappes électroniques qui chargent le son, le rendent plus massif, apportent une tension constante, un halètement fréquent et un enjouement perpétuel.

 

On se dit finalement qu’importe si l’empreinte de Kasabian se résume à peau de chagrin dans l’histoire de la musique éternelle. On s’en fout, tant qu’on peut faire sautiller sa tête, danser sur place sa pinte de "lager" à la main, et faire comme si ces dix dernières années n’avaient jamais existé, comme si Chemical Brothers n’avait jamais fait du rock électronique et comme si les Roses ne s’étaient jamais séparés. Empire n’est pas un album génial. Mais c’est un putain d’album efficace. Il n’en faut pas plus pour que s’enchante le vieux baggy-liker qui sommeille en votre serviteur.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Empire

02. Shoot The Runner

03. Last Trip (In Flight)

04. Me Plus One

05. Sun Rise Light Flies

06. Apnoea

07. By My Side

08. Stuntman

09. Seek And Destroy

10. British Legion

11. The Doberman

 

Durée : 39’ 20’’

Date de sortie : 4/09/2006

 

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