musique

Midlake - The trials of Van occupanther

Bella Union/Cooperative Music

[4.5]

 

 

De temps en temps, à l’heure de rédiger une chronique, votre serviteur se voit bien marri de ne pouvoir retranscrire la moue qui pointe sur son visage. Cette manière un peu soudaine qu’à un album, apparemment anodin et inoffensif, de toucher plus qu’un autre l’auditeur. A ce point que toute tentative de description de la sensation perçue s’en trouve d’avance vouée à l’échec. Parce qu’oscillant entre tradition, habitude et « petit supplément d’âme » imperceptible qui rend soudain la galette indispensable ou presque. Il en fut ainsi pour ce même serviteur du premier Stone Roses, du His n Hers de Pulp, de Crooked rain de Pavement  ou plus récemment du at war with the mystics de Flaming lips et du premier essai de Architecture in Helsinki.

 

Ainsi donc aussi de l’album des texans de Midlake. On était, comme beaucoup, passés sans le voir devant le premier album de la formation de Tim Smith, pourtant chroniquée par ce webzine. On reste sans voix devant ce nouvel opus à l’étrange pochette, inspirée paraît-il d’une photo de magazine de mode qui aurait projeté son aura sur la composition et l’enregistrement de cet album concept. On plonge donc à pieds joints dans l’histoire de Van Occupanther, héros de cette fable en 12 tableaux que composent les différents titres de l’album. Un album contant la vie d’une bourgade esseulée au fin fond du monde, marquée par les affres de l’histoire. Une ville  que le personnage de Van Occupanther se charge de nous faire découvrir,  passant du cousin à la grand mère, à sa vie quotidienne et à ses plaisirs simples,  avec une bienveillante pédagogie musicale.

 

Avec un matériel somme toute assez simple, l’album se déroule avec une grande réserve, mais beaucoup de réussite. Le concept fleuve sonne ici très largement adéquat ; alors que son corollaire chez Grandaddy, just like the Fambly catgroupe avec lequel Midlake ne partage pas que cette similitude joue la carte (de visite) à fond, en se tablant sur la puissance et les différentes colorations qui ont fait la notoriété du groupe. Midlake semble inventer un groupe nouveau pour ce nouvel opus, et aligne avec une précision d’orfèvre que ne renierait pas les sus-cités Flaming Lips, des ballades au tempo doux mais pas lénifiant qui prennent l’auditeur par la main pour ne plus ensuite la lâcher. Midlake pioche ses compositions et quelques sonorités vintage dans le bréviaire rock et folk des années 70 mais ne la joue pas pâle copiste. Ses ballades, cette contrainte formelle, à l’instar des Lips d’ailleurs, Midlake parvient à les intégrer, à les mettre en évidence sans y prêter une totale allégeance. De cette tournure, de cette peinture en plusieurs tableaux, le groupe parvient à sortir un album à l’approche sonore très moderne et très personnelle où le chant dédoublé vient porter comme une douce signature.

 

Charmant, inspiré, réconfortant et plongeant l’auditeur dans une douce et non analysable béatitude, l’album de Midlake est ce genre de pierres précieuses un peu brutes qui de loin ressemblent à toutes ou partie des autres pierres, mais parent celui qui s’en orne d’une lumière sincère et fascinante. Un des « musts ear » de 2006.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Roscoe

02. Bandits

03. Head Home

04. Van Occupanther

05. Young Bride

06. Branches

07. In This Camp

08. We Gathered in Spring

09. It Covers the Hillsides

10. Chasing After Deer

11. You Never Arrived

 

Durée : 44’51

Date de sortie : 06/06/2006

 

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