musique

Arnaud Fleurent-Didier - Portrait du jeune homme en artiste   

French Touche/Discograph - 2004

 

 
 

    Il ne faudra pas plus d’un titre (Vivre Autrement) pour comprendre qu’Arnaud Fleurent-Didier n’est pas un chanteur "comme tant d'autres". Et il faut bien l’avouer, des chanteurs de cette trempe, il est bien rare d'en avoir traîner dans les rayons de nos disquaires préférés. Alors quand on en tient un, il ne s’agit pas de le lâcher, mais de le choyer, de le caresser dans le sens de la mélodie, de lui offrir ce qu’il y a de mieux, de le présenter à ses amis les plus chers, de clamer au monde entier qu’il existe et qu’on l’aime.

Arnaud Fleurent-Didier est de ces artistes que l’on a envie de défendre parce que tellement rares, tellement loin des modes. Et un musicien qui vous offre, comme ça, des musiques et des textes si beaux, si touchants qu’ils vous laissent totalement sans voix, on ne peut décidément pas le refouler.

 

    Arnaud Fleurent-Didier s’est fait connaître dans un premier temps sous le pseudo de Notre-Dame avec un album (Chansons françaises) sorti dans un certain anonymat. Aujourd’hui la lumière vient à lui grâce au label French touche qui a l’excellente idée de sortir son nouvel album, cette fois sous son propre nom.

 

    Album d’une grande richesse, tant musicale qu’au niveau des textes, ce Portrait du jeune homme en artiste a de quoi séduire. A cheval sur plusieurs époques, il renferme en lui des réminiscences musicales 70’s et évoque le cinéma de la nouvelle vague, quelque part entre Truffaut et Jean Eustache. Alors Arnaud Fleurent-Didier sorte d’Antoine Doisnel moderne ? Oui mais alors un Antoine Doisnel qui aurait appris la musique, car dans cet album il n’y de place que pour les belles mélodies et les arrangements somptueux.

Dans une tradition "chanson pop orchestrale" chère à Polnareff, Gainsboug ou Ennio Morricone, Michel Legrand et Francis Lai du côté du cinéma, Arnaud Fleurent-Didier réussit quelque chose qui ne se fait plus que trop rarement aujourd’hui et dont Bertrand Burgalat semblait jusqu’alors le seul héritier.

 

    Sur ses petites symphonies, Arnaud pose une voix fragile et douce de jeune homme timide et propre sur lui. Récemment, hormis Julien Baer peut-être, on n’avait rien entendu de semblable dans une chanson française que l’on dit pourtant « nouvelle ».

Seul homme-orchestre à bord, il tisse ses histoires courtes de parisien mélancolique qui voudrait connaître le succès, se retrouver dans les pages de Magic ou des Inrocks. Arnaud Fleurent-Didier parle de choses simples mais avec un talent incomparable pour les rendre palpables et toucher le cœur de ceux qui ont rêvé, un jour, vers 25 ans peut-être, de devenir un artiste respectable.


    De ce
Portrait du jeune homme en artiste ressort un talent d’écriture sans borne, une œuvre naissante mais déjà très aboutie, une envie de faire de partager des ressentis, des émotions comme jamais.

Dans un registre assez éloigné d’un Delerm ou d’un Bénabar, mais déjà plus proche d’un Biolay, Arnaud Fleurent-Didier a tout pour séduire l’amateur de chanson française pop douce-amère par sa grâce et sa simplicité et pour cette façon de nous émouvoir avec presque rien.

On aimerait lui souhaiter les étoiles et les podiums, mais au fond, on préférerait égoïstement le garder pour nous, de peur qu’il ne se perde dans cette foule étouffante des chanteurs français qu n’est vraiment pas faite pour lui.

 

Benoît