roman

Bernard Pingaud - L’andante inconnu1/2

Editions Joëlle Losfeld/Collection Arcanes-2003

 

 
 

    Second volume chroniqué ce mois-ci paru dans cette belle collection aux couvertures colorées, ce petit texte de Bernard Pingaud est un régal. C’est une ode à la musique, ici classique, et aussi à la vie.

Cette longue nouvelle d’une soixantaine de pages est en fait le résultat d’une commande passée par une revue japonaise à l’auteur, dont le thème était Mozart. C’est ce qu’explique, avec d’autres détails, le post-scriptum ajouté au récit. La lecture en est peut-être dispensable, si l’on ne souhaite pas notamment connaître les rouages de la création. Mais comme il éclaire d’un jour nouveau ce qui précède, la décision de le laisser tomber n’est sans doute pas la meilleure. Fi de tergiversations, lisez le récit, laissez reposer quelque temps, puis concluez avec le post-scriptum.

 

    Lors d’une rencontre internationale organisée à Helsinki, regroupant nombre d’écrivains et de poètes de toutes nationalités, l’auteur décide, un soir, de ne pas assister à une réception mondaine et sans doute très ennuyeuse. Il erre dans la ville glaciale jusqu’à l’Opéra où un pianiste de renom Christoph Biedermeier se produit. Celui-ci doit y exécuter entre autres le concerto pour piano de Mozart en fa dièse mineur K627, ainsi que le proclame l’affiche. Malgré ses réserves affirmées pour le musicien allemand jugé trop frivole et fantaisiste,  l’auteur éprouve un véritable bonheur à l’écoute du passage de l’andante, plus particulièrement d’une phrase musicale qui le transcende. De retour à Paris, il part à la recherche d’enregistrements du concerto. Mais il apprend qu’il n’existe pas, qu’en effet le dernier numéro attribué à Mozart est le K626. Perplexe, interrogateur, il oublie petit à petit l’aventure jusqu’à un voyage quelques années plus tard à Vienne où le concerto en question rejaillit de manière fort inattendue…..

 

Ce récit, presque un conte, est certes chargé en symboles sur la résurgence des signes et l’interprétation que l’on peut en donner. Mais Bernard Pingaud sait aussi nous faire partager le plaisir de la musique. Mieux, il sait le faire sentir. De tous les petits moments qui précèdent l’exécution même du morceau, qu’il appelle joliment les « préparatifs » au cœur même du concert. Les amateurs de musique que nous sommes tous ici, même d’un genre différent, se retrouveront aisément dans cette évocation subtile et précise.

Saluons donc le beau travail de cette maison d’éditions, soucieuse de publier de fort jolis petits textes, qui émanent à la fois de jeunes écrivains tels Emmanuel Adely, et de moins jeunes comme Bernard Pingaud, à la plume néanmoins alerte et maîtrisée. Nous pouvons effectivement rappeler l’œuvre foisonnante de cet auteur né en 1923, où se mêlent récits, essais consacrés au processus d’écriture et romans, dont le premier Mon beau navire fut publié en 1946.

 

Patrick

 

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