roman

Christian Gailly - un soir au club  

Les Editions de Minuit - 2002

 

     

    « Le piano n’était pas le violon d’Ingres de Simon Nardis. C’était bien plus qu’un violon d’Ingres. Le piano était pour lui ce que la peinture est pour Ingres. »

Le dernier roman de Christian Gailly débute sur cette phrase au demeurant simple et humoristique mais qui se révélera, au cours de la lecture du roman, être une phrase clé  à l’image de ce qu’est le dernier et superbe roman de Christian Gailly, sorti il y a quelques mois ; roman auquel je suis resté scotché durant quelques heures, juste le temps qu’il m’aura fallu pour dévorer ce récit passionné et captivant sur l’amour, la musique et la passion en général.

 

     Il y a quelques mois je vous faisais part de mon sentiment à l’égard d’un précédent roman de Gailly Be-bop auquel j’avais trouvé bien des qualités tant par le style que par le récit. Mais dans ce nouveau roman Gailly atteint la perfection avec Un soir au club roman initiatique et magnifique à bien des égards.

 

    Un soir au club raconte l’histoire de Simon Nardis, homme rangé des  pianos et des salles de jazz auxquels il a préféré une vie rangée aux côtés de sa femme Suzanne et son fils. Simon Nardis est aujourd’hui réparateur de chauffage industriel et écoute de la musique classique et surtout il ne boit plus, lui l’ancien alcoolique.

Pourtant comme tout ancien accro qui se respecte, Simon Nardis est un malade en sursis auquel il ne faudra qu’une occasion pour qu’il retrouve son vice d’antan et pour qu’il pose à nouveau ses doigts sur les touches noires et blanches d’un piano. Cette occasion va se présenter alors qu’il lui reste une heure à tuer en attendant son train. il va se rendre, en compagnie d’un ingénieur, dans un bar de jazz, dans cette petite cité balnéaire qu’il ne connaît  pas. Et dans ce club il va faire la connaissance de Debbie, chanteuse locale à la voix douce qui accompagne si bien les notes qu’il va se mettre à jouer sur le piano de ce club. Rapidement l’amour va naître entre Simon et Debbie et alors va se poser pour Simon le problème du retour ou non. Doit-il laisser ici le renouveau de sa passion et retrouver ainsi celle qui l’aime dans sa petite vie bien rangée ou doit-il sa laisser guider par son instinct et rester auprès celle qui vient de conquérir son cœur ? Aidé par Le destin, le choix de Simon n’en sera que facilité. Mais n’en disons pas plus et laissons les lecteurs potentiels imaginer la fin possible de ce très beau roman qui parle d’amour et de passion comme rarement il nous est donné de le lire. Gailly prouve avec ce court roman qu’il est passé un maître dans l’art de la narration. Sa prose si claire et si limpide se prête facilement à une représentation mentale des lieux et des personnages décrits dans ce roman.

   

    A la fois tragique et léger, emprunt d’une certaine forme de dérision, Un soir au club se lit d’une traite, ou presque, tant on se plonge avec facilité dans le récit magnifique et fort de cette histoire qui provoquera, j’en suis sûr, bien des sentiments et des émotions chez ceux qui voudront bien le parcourir.

 

    Un soir au club a reçu le prix du livre Inter en 2002

 

Benoît