BD

Lepage - Muchacho t .1   

Dupuis/coll. aire libre - 2004

 

 

 

    Dans un Pays miné par la dictature, le Nicaragua, on suit dans le tome 1 de Muchacho le parcours d’un jeune séminariste doué pour la peinture et qui se retrouve à exercer son art dans un petit village niché dans les montagnes auprès du père Ruben. Entre apprentissage et guerre civile Lepage nous narre une histoire brillante, pleine de passion et de sensualité sur une idée de départ plutôt originale.

 

    Gabriel est jeune artiste très doué pour la peinture, c’est pour cette raison qu’il se trouve envoyé dans ce petit village en pleine guerre civile dans lequel il devra faire face à de nombreuses difficultés. D’abord, l’hostilité locale. On lui reproche d’être le fils de… (on attendra le second tome pour savoir exactement qui) et puis le père Ruben qui derrière son titre cache des activités de résistance. Et puis il y a les corps de ces hommes et femmes enlacés qu’il épie, le soir, depuis une fenêtre de l’église.

Venu pour peindre la passion du Christ, le voilà finalement, poussé par Ruben, qui se mets à peindre la vie, les gens, allant contre sa morale de futur jeune prêtre.

 

    C’est avec des couleurs vives et un trait aiguisé que Lepage nous raconte cette étonnante histoire de séminariste qui se retrouve un beau matin au cœur d’un conflit historique et qui au lieu de se consacrer gentiment à sa peinture va découvrir la répression militaire contre les paysans, la sensualité des corps, la vie et la mort.

Car ici ce sont bien les corps qui sont au cœur de ce récit. Les corps de ces habitants, souvent dénudés, que Gabriel observe, puis qu’il se met à dessiner un peu malgré lui. Des corps plein de vie qui font l’amour, qui travaillent durement aux champs ou qui meurent sous les balles des hommes du dictateur Somoza.

 

    Avec une palette de couleurs très diversifiée, Lepage réussit un bel album sur lequel le dessin et la narration semblent aller parfaitement de pair. On remarquera notamment la manière avec laquelle il représente les scènes de nuit avec une lumière magnifiquement restituée et cette impression de chaleur, de moiteur très palpable qui transpire à travers les page de cet album.

Belle réussite pour un Lepage qui se retrouve au scénario, au dessin et aux couleurs pour la première fois.

 

Benoît