musique

Xiu Xiu - La forêt

Acuarela/Chronowax

[4.0]

 

 

    Paru courant 2004, Fabulous Muscles constituait pour nous une grande réussite. Son inclassabilité musicale, son énergie noire mais communicative n’a d’ailleurs toujours pas pris une ride. Le mélange de rock presque industriel, d’électronique, de voix bancales et de gimmicks fait revenir régulièrement l’album sur la platine, les jours de tristesse agressive, sans mélancolie.

 

    Jamie Stewart aka Xiu Xiu, de San Diego  en Californie, vient  dans la forêt  repiquer une veine qui venait tout juste de cicatriser. Il use, pour ce faire, de cette aiguille un peu glauque qui n’a à ce jour, pas encore trouvé d’équivalent. Fabulous muscles était l’éclat énergétique,  le coup de speed, la manifestation torturée d’une pop amère et gonflée aux hormones de synthèse louches.

 

    La forêt s’inscrit dans le même trip. On y retrouve comme un prolongement de l’œuvre « maladive mais belle » entamé avec le précédent et second opus. On y recroise les thèmes qui nous pétrifiaient déjà précédemment : la déliquescence des rapports humains, la critique cynique,  l’amour qui vole inévitablement dans le mur et cette omniprésence de la mort citée texto dans les paroles de l’album ou pressentie partout dans sa musique. On se retrouve en terrain connu de désolation, mais on est pas dans la redite.

 

    Car Xiu Xiu explore ici son versant downtempo, ses racines de songwriter calmes mais pas apaisées, qui ralentissent le rythme trompe-la-mort, particularité de fabulous muscles. La forêt convie plus largement la guitare acoustique ou les instruments classiques (harmonium, tuba, mandoline, violoncelle, clarinette) à la curée emmenée par les traitements électro-industriels.  Même Pox, pourtant dans la droite ligne du précédent album semble être passé en mode « descente de bad trip ». A vrai dire, on le regrette même un peu parfois, tant on aimait l’énergie bénigne qui sous-tendait fabulous.

Et, si on se demandait comment Xiu Xiu allait faire pour se réinventer, tant son style personnel semblait lié à la construction des précédents opus. Aujourd’hui on sait. Tout est question de tempo global. Que nous réserve la suite ?

 

    Mais, qu’il pratique l’extraversion torturée ou se replie sur lui même en des plaintes saoules, en incantations, ou murmures de confessionnal,  le tourment reste le même et la (dés)agréable sensation de suffocation persiste. L’auto torture que Jamie Stewart semble pratiquer pour accoucher d’un titre est communicative et l’écorchement général, communicatif. Le pire dans tout ça… c’est qu’on en redemande avec un plaisir forcément malsain.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Clover
02. Muppet Face
03. Mousey Toy
04. Pox
05. Baby Captain
06. Saturn
07. Rose Of Sharon (grey ghost version)
08. Ale
09. Bog People
10. Dangerous You Shouldn’t Be Here
11.
Yellow Raspberry

Durée : 44'13

Date de sortie : 12 juillet 2005

 

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