musique

La Route du Rock  2002
Fort de Saint-père les 9,10 et 11 août  2002

 

    

    L'édition 2002 de la Route du Rock restera dans les annales pour des raisons surtout climatiques : la pluie torrentielle du premier soir et le mauvais temps global auront parfois davantage marqué les festivaliers que certains concerts anecdotiques. Le parti pris "découverte" de ce rendez-vous et une prise de risques des plus audacieuses ("rock" en somme) ont fait la réputation de festival. Mais cette année on ne peut pas signaler de révélation marquante à la vue de groupes anecdotiques tels que DESTROYER ou les prétentieux TRASH PALACE, projet érotico-gnangnan dans lequel s’est illustré un bien pathétique Brian Molko pour une reprise poussive de "Je t'aime moi non plus" : un non évènement parmi d'autres déceptions mais aussi (quand même !) de bons moments là ou on ne les attendait pas forcément.

THE CORAL ouvre les hostilités de manière stupéfiante avec un rock instruit et psychédélique qui tranche avec la mode revival garage du moment. J'avais déjà beaucoup aimé leur single "Shadows fall" et son passage Charleston déjà culte mais sur scène c'est encore mieux, ils digèrent leurs influences américaines avec un naturel déconcertant aidés, vu leurs tronches et leurs mouvements saccadés, de substances plus ou moins illicites.

DEPARTURE LOUNGE sont bien moins originaux mais tout aussi

talentueux. Leur pop tranquille se laisse très agréablement écouter, c'est bien interprété, bien chanté et en plus ça ne se prend pas trop au sérieux, comme le montre leur reprise réussie du tube r'n'b' des Destiny's child "Survivor".

INTERPOL n'avait pas encore sorti leur album "Turn on the bright lights" qu’ils étaient déjà entouré d'une hype assourdissante suite à leur prestation, dans ces mêmes lieux, lors de la précédente édition. Difficile de crier au génie quand on a l'impression d'avoir déjà entendu ce rock référencé 80's des milliers de fois. Mais en même temps impossible de dénigrer ces New-Yorkais efficaces qui y croient, et livrent un concert aussi habité que les légendes à qui on les compare, avec un chanteur dont la voix sombre a mis tout le monde d'accord.

On change de registre avec les norvégiens encensés de ROYKSOPP aussi lumineux sur disque que laborieux sur scène,

avec des effets visuels très cheap et finalement peu de différence

avec leur album si ce n'est une orientation plus dance-floor obligée mais pas forcément représentative de leur style. Leur remix du "What does it feel like" de Felix da Housecat restera une des rares surprises de ce set bien trop convenu, c'est dire.

J’étais trop épuisé pour voir le concert de THE DIVINE COMEDY en entier mais ce que j'ai entendu ressemblait plus à un best-of  des kitcheries de Neil Hannon avec du bon "Tonight we fly" et

surtout du moins bon. Dommage que les conditions désastreuses du site ne m'aient par permis d'apprécier ce set, tout comme le show, paraît-il, apocalyptique de PROGRAMME.

Demain est un autre jour.  

ELECTRIC SOFT PARADE a survécu plutôt bien au buzz 

disproportionné qui avait suivi la sortie de leur 1er disque : intéressant mais en rien renversant. Ils jouèrent leurs chansons sans complexe, des morceaux entraînants et bien écrits. Mention au dernier "Silent to the dark" long de 9 minutes et à la

conclusion assez folle, qui laisse augurer du meilleur pour

la suite des aventures de ces très jeunes lads.

KID LOCO fait oublier le scepticisme qui avaient frappé bons nombre d'auditeurs de son récent "Kill your darlings".

Le virage "classic rock" qu'ont pris ses chansons, autrefois plus électro, les rendis plus compatibles avec la scène, avec un 

groove discret ne dissimulant jamais le manque d'inspiration.

Quelques titres avec la voix de Departure Lounge et

d'autres plus anciens comme "She's my lover" pour un résultat très convaincant.

JEAN-LOUIS MURAT était déjà connu pour ses coups de gueule

imprévisibles sur les plateaux de télé qui contrastaient avec la

douceur de sa musique. Ce soir, c'est clair, il a envie de faire chier son monde et c'est réussi. Il chante faux et massacre ses pourtant bonnes chansons façon rock 'n' roll ponctué de "yeah" assez navrants.

ARCHIVE joue avec nos nerfs avec une science du son assez

remarquable par des envolées très impressionnantes.

Malheureusement, leur chanteur est une vraie plaie, confondant 

émotion et grandiloquence. Du coup ce qui aurait pu être du trip-rock progressif audacieux ressemble à s'y méprendre aux daubes FM très en vogue style « Puddle of Mudd ».

Le lendemain on se dit que ce sera difficile de faire plus

inégal et finalement on aura droit à du bon voire du très bon à l'exception notable des LEAVES qui nous prouvent enfin qu'il n'y a pas que des groupes géniaux en Islande, et ceux là sont franchement pénibles.

J'ai bien aimé THE BEES, surtout parce que j'adore les cuivres dans la pop, de Belle & Sebastian aux Specials, mais pas seulement pour ça. Ces anglais doués à l'instar de THE CORAL

vus l’avant-veille, se jouent des modes et composent une musique intemporelle qui passe très bien en live.

THE NOTWIST auraient pu livrer un excellent concert s’il n'y avait pas eu autant de larsens, mais dans l'ensemble leur mélange neworderesque de rock et d'électro installe une atmosphère des plus prenantes où l'improvisation a aussi sa place.

BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB ne m'avait pas franchement

enthousiasmé en disque mais sur scène ils se révèlent très bons, classique certes mais énergique à souhait. La transposition de leurs singles "Love burns" et "Whatever happened to my rock 'n' roll" en est la preuve étincelante.

SUEDE ne se foulent pas trop et jouent leurs tubes et quelques nouveaux titres qui ressemblent beaucoup aux anciens, avec juste ce qui faut de touche glam. La folie brit-pop semble loin et le vieillissant Brett ne saurait nous faire oublier que c'était Sigur Ros qui devait être l'apothéose du festival, mais finalement ce sera...

DJ SHADOW bien plus humble mais devenu une star malgré lui

vu l'excellence de ses productions. Son nouveau set fut plus intéressant que celui lors son dernier passage à Saint-Malo. Des

visuels en parfaite harmonie avec ses mixes, un son excellent et finalement on se dit que ça valait le coup de rester

jusqu'à la fin.

 

Bilan mitigé donc, avec un gros bémol du coté du mauvais temps et de l'organisation assez chaotique, mais des choix artistiques pertinents et quelques bons souvenirs musicaux et extra musicaux... mais sera-ce suffisant pour donner envie d'y goûter à nouveau ? Réponse l'an prochain.

 

Sami M.