roman

William Pierre - Samedi soir, un DJ m’a sauvé la vie

Editions Françoise Truffaut - 204 pages, 16€

[3.0]

 

 

William Pierre est incontestablement un féru de musique. C’est ce que l’on pense dès les premières pages de son roman : d’entrée, il brosse le portrait vite attachant d’un DJ, Romain et de son meilleur ami, Premiah, gardien de square, kleptomane et amoureux torturé. Ils partagent ensemble la passion de la musique, ainsi que des affiliations plus ou moins étroites avec la mafia locale de Plaine, ville où se déroule l’action. En effet, Romain est le fils de Baach, chef de la Famille, et Premiah devient rapidement, suite à de nombreux rebondissements, indic’ de la police pour éliminer le paternel de son pote…

 

William Pierre est donc féru de musique, et probablement aussi de télé et de cinéma : impossible de ne pas penser à des films de Scorsese, de De Palma, ou aux Soprano en lisant les péripéties des protagonistes de ce cercle mafieux… C’est probablement la partie la moins intéressante du roman, celle où l’écriture se veut assez démonstrative, pas toujours captivante (un peu de "déjà vu" y est pour beaucoup) et où l’auteur s’embarrasse finalement d’un scénario qui peine à rester dynamique.

 

On préfère les rares moments, dans les deux premiers tiers du livre, où l’auteur évoque des morceaux de musique et des artistes : les passages où Romain passe les disques préférés des morts pour leurs funérailles sont très réussis, les références littéraires à Proust ou à Blaise Cendrars également. Il est rare de parler des Silver Apples, de Devo, de Cohen ou des MC5 dans un roman français…Cela en est réjouissant. Pierre impose une vision acérée et presque fanatique de morceaux qu’il nous apparaît tout d’un coup, à la lecture de ce livre, urgent de réécouter – aaah…., le slow down frénétique de The Jam !

 

Enfin, tout s’accélère, la dernière partie du livre devient rythmée, alerte, passionnante, comme le refrain final d’une bonne chanson pop. Les aventures tragi-comiques de nos deux compères se terminent par un festival de coups de théâtre, l’écriture se fait plus souple, moins académique, presque rock. On retiendra davantage ces ultimes pages que la première moitié moyennement convaincante de Samedi Soir, un DJ m’a sauvé la vie.

 

Il reste cependant que ce jeune écrivain peut se montrer passionnant quand il s’oublie dans sa passion musicale, en laissant de côté les intrigues policières convenues. On se plaît à imaginer William Pierre concevoir un essai de ses musiciens préférés comme le Sur le Rock de François Gorin

 

Jean-François Lahorgue

 

Date de parution : octobre 2006

 

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www.myspace.com/samedisoirundj