roman

Leonardo Padura - Passé parfait   1/2

Métailié - 2004

 

 

   

    Passé parfait est le premier roman de la tétralogie de Padura Les quatre saisons. C'est donc ici qu' on fait la connaissance des personnages familiers du héros, le lieutenant Mario Conde : il y a le Vieux, commissaire et grand amateur de havanes, Carlos el Flaco, le meilleur ami de Conde avec qui il partage son penchant pour le rhum et sa passion pour le base-ball et Joséfina la mère de Carlos qui mitonne des petits plats cubains comme personne.

L'histoire commence un 1er janvier 1989 à La Havane. Mario Conde, le flic célibataire et désenchanté est chargé d'enquêter sur la disparition de Rafael Morin Rodriguez, un ancien camarade de collège. Cette mission ne l'enchante guère car elle va l'obliger à remuer la foutue nostalgie des souvenirs de son « passé parfait » où Rafael, agaçant beau gosse à qui tout réussit a, de surcroît, épousé Tamara, l'amour d'enfance de Mario.

 

    Malgré que tous les ingrédients du roman policier semblent réunis, ce livre n'appartient pas vraiment au genre du polar. Pour moi, c'est un roman d'ambiance et de nostalgie. L'intrigue avance d'ailleurs lentement et Padura préfère s'attarder sur les détails de la vie du quartier populaire d'où est originaire son personnage central et nous livrer une vision assez critique de la société cubaine. L'enquête confiée à Conde est l'occasion pour lui de revenir sur son adolescence à la Havane au début des années 70, époque de tous les possibles et c'est avec un délice quelque peu masochiste qu'il ressasse ce passé finalement marqué par ses premières désillusions politiques et amoureuses. Et ce que Mario Conde va découvrir en fouillant le passé et les drôles d'affaires du trop parfait Rafael Morin ne va pas changer son amère vision de la société. Morin représente exactement ce que Conde déteste, un type à l'allure trop lisse qui a su, à force de compromissions, accéder au pouvoir.

 

    Sans faire un roman engagé, Léonardo PADURA dénonce subtilement la corruption des élites et les déchirures marquant aujourd'hui la société cubaine, peinture bien éloignée des photos de papier glacé de catalogues touristiques.

Même si j'ai été un peu déçue par la paresse avec laquelle PADURA construit son intrigue, je n'en ai pas moins été charmée par la tendresse mélancolique avec laquelle il traite ses personnages.

 

Marie-Noëlle