roman

Germaine Beaumont - si je devais...

le dilettante- 192p, 14.50€

[4.0]

 

    

    Germaine Beaumont..! Personnellement, et en toute honnêteté, je ne la connaissais pas. Et pourtant, quelle femme ! Normande, née vers la fin du 19ème siècle, elle dessine très vite son propre chemin, en quittant mari, enfants et s'exilant en Angleterre où elle se nourrira de littérature pendant dix ans. De retour en France, elle fera la rencontre de sa contemporaine, Colette, qui l'aidera à travailler dans le journal de Henry de Jouvenel. Elle écrira aussi, son premier roman Piège sera récompensé du prix Renaudot en 1930. Mais sa véritable passion, ce sont les romans policiers qu'elle va permettre de développer dans l'édition française, en publiant et traduisant certaines oeuvres féminines chez Plon, où elle officie. La carrière et la vie de cette dame est riche, passionnante et étourdissante... Mais ce livre que publie aujourd'hui Le Dilettante n'en parle qu'en préface ! En fait, Si je devais... regroupe l'essentiel de ses chroniques !

 

    A peine deux pages suffisent pour dire, de manière combinée, toute en poésie et sécheresse, les petits travers du monde de Germaine Beaumont : paysage littéraire, manies de ses semblables, bref elle épingle ! De la femme seule, du romantisme et du Diable dans les romans, des saisons, des gens qui s'ennuient, de Dickens (le père Noël en personne !), des malles, des clefs (des malles et des maisons qui les contiennent !), de l'enfance, du jardin, de la contemplation, des êtres imaginaires, de la mode de "l'enquête", des voyages, des oeufs de Pâques, de Gulliver, des élèves studieux, des voyages sur la lune et des gens dans la lune, de la chanson française, la pluie d'été, la fin des lettres écrites à la main, les ballons rouges, etc... C'est beaucoup pour résumer ! Il y a 42 textes pour 160 pages, faites le compte...

 

    Mais le plus beau pour la fin : Si je devais..., une chanson, un poème ? Qui sait, comment qualifier cet hymne qui ressemble à un testament de l'auteur pour ses héritiers, ses lecteurs. "Si je devais partir, ne me cherchez pas dans le souvenir de ce que j'ai fait ou dit"... "s'il se peut qu'après moi quelque chose demeure, vous ne le trouverez qu'en ne le cherchant pas" ! Bien vu. Pourtant, pour donner un coup de pouce au hasard, et permettre au lecteur incertain d'ouvrir ce livre, que son fantôme nous permette "de chercher dans les pages du livre aimé" et d'en faire son écho, il faut donc en parler, fouiller, explorer... Ce qu'elle refusait ! De plus, ceci n'est pas écrit à la main, elle m'en aurait voulu. Cette amie de Colette, cette traductrice du Journal d'un écrivain de Virginia Woolf, cette audacieuse, talentueuse plume, intelligente, ironique et qu'un rien aurait poussé vers le féminisme... C'est une véritable découverte !

 

Stéphanie Verlingue

 

Date de parution : 05/11/2005

 

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