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                         Ne
                        pas oublier que la plupart d’entre nous ont
                        probablement découvert David
                        B. avec son immense autobiographie dessinée de six
                        volumes, l’Ascension
                        du Haut-Mal. Dans un sobre blanc et noir et un trait
                        de crayon si particulier, relevant presque de la
                        peinture cubiste et expressionniste, l’ex-égérie de
                        l’Association évoquait son enfance passée dans
                        l’ombre d’un frère épileptique et de ses parents déboussolés,
                        cherchant de multiples voies plus ou moins fumeuses pour
                        se sortir de cette impasse. L’auteur y incluait également
                        les souvenirs de son imaginaire de môme, ses visions
                        oniriques et ses cauchemars fous et fantastiques, qui
                        s’immortalisaient en de magnifiques tableaux, faisant
                        de cette œuvre un des piliers de la bande dessinée
                        française « nouvelle génération ». 
                         
                        
                         
                        C’est
                        désormais dans ce créneau de « vision onirique »
                        que se poursuit le travail de David B. Pour ce Jardin armé,
                        il s’empare de l’Histoire, de mythologies et de sa
                        pure imagination pour dessiner trois contes (le
                        prophète voilé, le
                        jardin armé et le
                        tambour amoureux), trois récits puisés dans les légendes
                        venues d’orient et dans les thématiques de textes
                        moyenâgeux. On ne dévoilera pas ici les histoires développées
                        dans ce livre, mais elles dégagent les thèmes chers liés
                        à l’auteur : la vie et l’au-delà, la barbarie
                        et la mort, les mythes et leur symbolique. 
                         
                        
                         
                        Pour
                        asseoir ce symbolisme qui transpire dans chacun des
                        trois contes, David
                        B. privilégie un dessin fortement influencé par la
                        peinture, la gravure et la sculpture, notamment dans
                        l’art profane et médiéval. Les pages du Jardin Armé évoquent souvent des scènes peintes façon Tapisserie
                        de Bayeux, ou des tableaux sur la guerre d’avant la
                        Renaissance. Elles sont amples, chargées mais très
                        claires à la fois, superbement composées et pensées.
                        Mais pour quelle finalité ?   
                         
                        
                         
                        On
                        peut être ennuyé par l’exercice de style assez vain
                        (comme moi…) ou bien impressionné et admiratif par ce
                        travail d’orfèvre soutenu par une belle pagination épaisse
                        et par une bichromie tirant sur le marron-roux. Mais
                        c’est plutôt le fond que la forme qui déçoit dans
                        cet ouvrage. Trois contes trop difficiles pour les
                        adolescents et pas assez passionnants pour des adultes,
                        trois histoires mythologiques plutôt insipides mais
                        servies dans un magnifique écrin. 
                         
                        
                         
                        David
                        B. réalise un bel objet d’art, une fabuleuse
                        enluminure de 110 pages. Mais je lui préfère ses
                        souvenirs d’enfance… 
                         
                        
                         
                        Jean-François
                        Lahorgue
                           
                        Plus+ 
                        David
                        B. - Babel 
                        David
                        B. - Les complots nocturnes 
                          
                          
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