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                         Lambé
                        & De Pierpont - Alberto G   
                          
                        Le
                        seuil - 2003 
                          
                          
                          
                             
                             
                           
                        Le mois dernier, je chroniquais Questions de dessin de Baudoin
                        et j'insistais sur le rapport qu'a cet auteur avec le
                        travail du sculpteur et peintre Alberto
                        Giacometti. 
                        Par
                        un hasard heureux, voici que vient de sortir, coédité
                        par les éditions du Seuil
                        et le groupe Frémok,
                        cet Alberto G.
                        consacré à l'importante figure de l'art du vingtième
                        siècle que fût Giacometti. 
                          
                           
                        L'ouvrage est ouvertement minimaliste, magnifique dessin
                        épuré pour le côté graphique, petites saynètes pour
                        le côté récit, et entièrement tendu par la mise en
                        évidence de l'obsession de l'artiste : traduire la vie
                        dans ses œuvres. 
                        La
                        succession des courtes séquences (inventées ?), situées
                        à des moments très divers et composées en laissant de
                        nombreux espaces libres pour le lecteur, n'obéit dès
                        lors qu'à une continuité narrative guidée par la
                        volonté d'exprimer sur le papier l'obsession de Giacometti. 
                          
                           
                        Exposé comme cela, on pourrait craindre une approche très
                        cérébrale mais tel n'est pas le cas tant E.
                        Lambé et P.
                        De Pierpont parviennent, avec une grande économie
                        de moyens, à créer par petites touches une ambiance
                        qu'on pourrait qualifier de poétique, notamment grâce
                        à la mise en scène d'un dialogue fictif entre Giacometti
                        et une de ses sculptures, matrice de son œuvre
                        qu'il cherchera à rendre parfaite tout au long de sa
                        vie d'artiste. 
                          
                           
                        En contrepoint, une intéressante remarque d'un ami de Giacometti
                        pointe la contradiction incluse dans sa démarche :
                        "N'ayez pas de regrets, Alberto. Laissez vos œuvres
                        vivre leur vie." Ce qui n'empêchera pas la
                        sentence de Giacometti
                        que j'utilise pour terminer cette chronique : "C'était
                        presque ça il y a cinq minutes. Maintenant, tout a
                        disparu." 
                          
                        Fred
                        
                         
                           |