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                         Adrian
                        Tomine - Blonde platine   
                          
                        Le
                        Seuil - 2003 
                          
                          
                         
                        
                         
                          
                           
                        Adrian Tomine,
                        né à Sacramento en 1974, est depuis quelques années
                        avec son comic Optic
                        nerve une valeur sûre du monde immensément riche
                        du comic indépendant américain. 
                        En
                        début 1998 paraît chez Delcourt un premier album de Tomine,
                        compilant certains de ses récits très courts. Les
                        yeux à vif  ne
                        trouvèrent malheureusement guère d'écho à l'époque
                        auprès du public. 
                        Il
                        y a donc de quoi se réjouir de voir les éditions du
                        Seuil tenter à nouveau l'expérience de l'édition en
                        français de ce formidable auteur. 
                        Blonde
                        platine compile quatre récits d'une trentaine de
                        pages chacun publiés entre 1998 et 2001 dans Optic
                        nerve.
                        
                         
                          
                           
                        Quatre histoires douces-amères ou implacablement dures,
                        qui renvoient indéniablement à l'univers de Daniel
                        Clowes, plutôt côté Ghost
                        world, incontestable référence de Tomine. 
                        Même
                        dessin hyper précis figé par un encrage épais, même
                        densité narrative et aussi cette manière d'analyser
                        les sentiments au scalpel, jusqu'à l'os et sans
                        concessions. 
                        Mais
                        contrairement à la froideur d'entomologiste d'un Clowes,
                        Tomine se révèle plus sensible, moins distant, plus à hauteur de
                        ses personnages. C'est là, dans cette formidable acuité
                        dans la peinture des sentiments et dans l'observation au
                        microscope du quotidien le plus banal que Tomine
                        trouve son originalité, sa spécificité. 
                          
                           
                        Points communs aux quatre récits, une jeunesse américaine
                        urbaine qui se cherche sans se trouver, engluée dans un
                        quotidien vide et sans relief, en quête d'un échappatoire
                        à leur mal-être qui ne prend bien souvent l'aspect que
                        d'une expérience douloureuse supplémentaire qui les
                        enferme un peu plus plutôt que de les ouvrir au monde. 
                        Et
                        toujours toujours cette difficulté voire cette
                        impossibilité à communiquer. 
                          
                           
                        Le constat est dur et sans concessions mais on gardera
                        longtemps en nous l'image de ces personnages déboussolés. 
                        Tomine
                        est déjà un tout grand de la bande dessinée et Blonde
                        platine est à mon sens de très loin le meilleur
                        album sorti cette année. 
                        Ne
                        passez pas à côté. 
                          
                        Fred
                         
                          
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