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Marjane Satrapi - Persepolis 4    L'association - 2003

    Le quatrième volume de Persepolis refermé, c’est toujours avec autant d’émotion que l’on repense à Marjane Satrapi, à cette femme incroyable, à sa vie, à son parcours entre orient et occident, à sa famille, à tout ce monde que l’on a suivi durant quatre beaux épisodes en bande dessinée. Persépolis, témoignage d’une fille devenue femme libre dans un monde où il est toujours aussi difficile de maintenir la tête hors de l’eau surtout quand on est une femme et de surcroît iranienne.

    Après la jeunesse de Marji en Iran, la guerre avec L’Irak puis l’exil en Autriche, La voici de retour dans son pays, un pays qu’elle avait un peu oublié et dans lequel elle a bien du mal à retrouver ses repères. Elle y retrouve ses amis, sa famille, mais les choses ont un peu changé et la voilà tiraillée entre son pays et sa culture européenne. En quête d’identité, elle se pose des questions, cherche sa voie et finit par trouver l’amour en la personne du beau Réza avec qui elle vit une idylle difficile en raison des lois islamiques qui règnent sans partage dans son pays.

    Dans ce dernier épisode, tout comme dans les précédents, on retrouve la Marjane rebelle et insubordonnée qui refuse ce monde de soumission dans lequel elle et sa famille vivent. Comme toujours, elle se frotte au régime en place et aux terribles gardiens de la révolution mais réussit à leur échapper, parfois non sans peine.

    Plein de mélancolie et de questionnement, ce tome 4 de Persepolis est vraiment celui de la réflexion. Plus politique encore que les précédents, il est à l’image des femmes d’aujourd’hui vivant sous un régime islamique, désireuses de s’émanciper et de faire évoluer les choses (voir le film A cinq heures de l'après-midi de Samira Makhmalbaf). Sauf que dans le cas de Marjane, cette dernière ne croit plus au changement et décide de retourner vivre en Europe où elle pourra trouver une culture à la hauteur de ses envies et de sa personnalité.

    Dans un style toujours très sobre (et décidément très sombre)  Marjane Satrapi réussit, une fois de plus, à parler de son destin si particulier et si tourmenté, à travers un récit littéraire et réaliste toujours aussi fort, toujours aussi poignant duquel on ne peut se défaire facilement.

Témoignage d’une époque, d’une vie, Persepolis reste, sans doute, ce que l’on a connu de plus important au cours de ces dernières années en matière de bande dessinée. Espérons que ce succès puisse faire émerger de nouveaux talents, qu’ils viennent du monde entier ou de la France profonde, pour nous offrir encore des albums aussi beaux que celui-ci.

Benoît