cinéma

Les 4 Fantastiques de Tim Story  [1.5]

    Il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher aux 4 Fantastiques : sa franchise. On va le voir pour le spectacle et rien d’autre. Seulement voilà : si le spectacle n’est pas là non plus, que fait-on ? On pleure intérieurement en pensant à X-Men 2, à Spider-Man 2, aux Batman de Burton, à Blade 2, à Hellboy, à Sin City, voire (mais vraiment au fin fond du gouffre) à Hulk. Reconnaissons que le pari était risqué : Ben Grimm / La Chose mis à part, les 4 Fantastiques sont à la base une bande de joyeux scouts en vadrouille, la mèche bien en place, pas rebelle du tout.

    Alors pour rendre le goût intéressant en cet été 2005, les responsables sont allés vers les ingrédients les plus accessibles : effets spéciaux, image rajeunie (ça, à la limite, c’était le minimum), tentatives d’humour. Peu de choses à dire sur le premier élément. On avait quelques craintes sur le costume de La Chose (Michael Chicklis, de la série The Shield, certainement ce que le film contient de mieux), mais il est parfait et les gênes physiques du monstre de pierre sont bien mises en évidence. La Torche humaine fait son effet sans non plus révolutionner le genre. Mr Fantastic est un peu à la traîne, mais son pouvoir (corps élastique) est par essence kitsch. On remarque la tentative d’érotisation du pouvoir de la Femme invisible, qui doit au départ faire un strip-tease pour disparaître entièrement, avant d’avoir en sa possession le costume adéquat.

    Dans la jeune mais déjà nombreuse famille des films tirés de comics, Les 4 Fantastiques marque sans doute la première tentative de “branchitude” sauce MTV, du moins de façon aussi flagrante. A grands renforts de scènes de sports extrêmes, de morceaux de rock adolescent et de blagues potaches, la fine équipe déambule dans New-York, complètement intégrée à la société et se disputant les faveurs des médias et du marketing. Si Tim Story (pseudo, pas pseudo ?) voulait ancrer son film dans la société moderne et ce qu’elle peut montrer de moins intéressant, il ne pouvait pas mieux s’y prendre.
L’examen des états d’âme de chaque personnage est pénible et puéril, avec un léger mieux encore une fois pour La Chose. A aucun moment le film n’arrive à (ni n’essaye de) prendre de la hauteur et livrer une psychologie de l’être super-héros. Non pas que ce soit une pensée qui nous soit indispensable, mais dans le vide narratif de ce long métrage, cette absence n’en retentit que plus. Même le Dr Fatalis (Julian McMahon), âme tourmentée par excellence, paraît bien superficiel.

    Certains éléments du comics sont respectés, notamment les querelles Johnny Storm / Ben Grimm, véritable gimmick de la BD. Mais à part ça et la maintenant traditionnelle apparition du Créateur Stan Lee, peu de choses à se mettre sous la dent.
Non, définitivement, Les 4 Fantastiques est un film honnête. Il promettait peu. Promesses tenues.

Sébastien Raffaélli

Film américain - 1h50 - Sortie le 20 juillet 2005
Avec : Ioan Gruffudd, Jessica Alba, Michael Chicklis…

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