cinéma

Bombon el perro de Carlos Sorin 

[2.0]

 

 

    Le chien est-il le meilleur ami de l’homme ? Accessoirement un passeport pour une vie plus douce et plus chanceuse, c’est ce que doit penser Juan Villegas, récent chômeur de 52 ans après vingt années passés à garer des voitures dans la solitude d’une station-service paumée en Argentine aux confins de la Patagonie. Au hasard de ses pérégrinations au cours desquelles il tente de vendre laborieusement des couteaux qu’il sculpte dans des bois précieux, Juan en échange d’une réparation mécanique se voit payé en nature par le don d’un chien, magnifique dogue blanc massif et racé. Comme par enchantement, l’arrivée de l’animal bouleverse sa vie monotone. Jusqu’alors hébergé chez sa fille où il rafistole tout ce qui cloche et fait la nounou auprès des enfants, cet homme doux et peu prolixe qui se présente comme célibataire puisqu’il n’a pas vu sa femme depuis trente ans prend la route, histoire d’exposer Bombon lors de manifestations canines et de lui trouver quelques chiennes en chaleur à saillir. Hélas le bon toutou se révèle bien piètre reproducteur et emmène Juan à reconsidérer son potentiel de gain. Pas facile pour un chien d’être une poule aux œufs d’or…

 

    Pour son second film, Carlos Sorin réutilise le système mis en place avec Historias minimas : faire travailler des non-acteurs au service d’un récit simple et minimaliste avec en toile de fond l’idée de dresser un état de l’Argentine actuelle. Louable et noble intention qui malheureusement ne tient pas trop la route, faute d’ambition et de rigueur. A force de vouloir faire dans le minimalisme, le réalisateur propose un récit trop dépouillé où il ne se passe quasiment rien sans s’appesantir ni approfondir ses personnages. On n’apprend quasiment rien de Juan et de sa vie d’antan, ni même de ses sentiments et de ses pensées. Et très vite l’odyssée partagée avec Bombon dont l’incompétence révélée est prévisible louche du côté du documentaire animalier qui réjouira – et ils sont nombreux – les aficionados de 30 millions d’amis

 

    Malgré ses bons sentiments affichés, Bombon est dénué d’émotion véritable, faiblesse provoquée par le jeu plat et sans aspérités d’un Juan Villegas au visage épaté et aux yeux implorants de cocker. Même l’idylle ébauchée avec une chanteuse de cabaret reste en superficie et nous demeurons en attente d’un événement notoire. Le gros entraîneur qui coache le chien ne pourrait-il pas montrer quelque coupable intention et profiter de Bombon ? Pas du tout, ici tout le monde est gentil. Un parti pris d’absence de dramaturgie surprenant. Et quand Bombon disparaît, peut-être enlevé par les voyous d’un quartier mal famé, Juan n’éprouve aucun souci à le récupérer. Aucun danger ne plane sur la tête de la brave bête et de son maître. Mais ce qui plane plus sûrement, c’est l’ennui qui envahit le spectateur.

 

    Ne soyons pas chien : Bombon est un petit film gentil, bien propret mais la motivation à rendre compte de la vie des vraies « petites » gens ne suffit pas à faire œuvre de cinéma et ce ne sont pas quelques paysages superbes, quelques ciels bas parsemés de nuages et l’emploi haletant d’une briqueterie poussiéreuse qui emportent le suffrage. On est donc surpris de l’accueil dithyrambique réservé au film et de sa moisson de prix à travers le monde. Ah si dernier détail : le chien joue très bien.

 

Patrick Braganti

 

Film Argentin – 1 h 37 – Sortie le 31 Août 2005

Avec juan Villegas, Walter Donado, Micol Estevez

 

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