cinéma

Bosta l'autobus de Philippe Aractingi

[4.0]

 

 

Kamal, la trentaine, est de retour au Liban, après avoir vécu en France pendant plusieurs années. Il retrouve sa vieille bande de copains, qu’il avait laissée en pleine guerre. Avec eux, il est bien décidé à animer à nouveau l’école de danse de son père, aujourd’hui tombée en ruine. La troupe formée par les sept amis se présente au festival de dabké d’Anjar. Mais face au jury, ils rencontrent un échec cuisant. C’est que Kamal et ses amis proposent une interprétation très particulière de la « dabké », danse traditionnelle libanaise: en effet, rythmées par de la techno, leurs chorégraphies mêlent insolemment hip-hop moderne et danse orientale de la plus pure tradition. Pour Kamal, ce choix n’est pas seulement artistique, mais aussi politique : mêler la jeunesse et la modernité aux traditions libanaises, c’est une façon d’affirmer ouvertement que son pays ne doit pas rechercher son identité en se tournant vers le passé. Au contraire, l’avenir du Liban est résolument devant lui. La troupe de danseurs en sera la formidable preuve en menant une tournée haute en couleurs dans un bus traversant tout le Liban.

 

Entre le road movie et la comédie musicale, ce film déteint par rapport à la production cinématographique libanaise à laquelle on s’était habitué. Ici, même si le spectre de la guerre civile n’est pas totalement absent, les souvenirs d’un passé ensanglanté n’apparaissent pas comme étouffants et paralysants. Au contraire, le propos est délibérément optimiste et généreux. Les personnages, même s’ils peuvent apparaître un brin caricaturaux tant leurs problèmes sont typés, sont toujours attachants. La musique, personnage principal du début à la fin, est entraînante. Certes, les scènes de « dabké techno » pourront peut-être paraître un peu kitch à des Occidentaux… mais n’est-ce pas également ce qui fait tout le charme du film ?

 

Bosta, c’est le voyage à travers le Liban d’un peuple en quête de son identité. C’est aussi l’espoir d’un renouveau et le choix de l’union malgré les différences communautaires. Le choix d’un bus (« Bosta » en arabe) comme élément essentiel de l’histoire n’est pas anodin. En 1975, c’est par un massacre dans un bus que le conflit avait débuté. Ici, le bus devient le lieu fédérateur de l’espoir et du désir de vivre ensemble.

Il est triste de voir que depuis le tournage de ce film, la guerre au Liban a fait à nouveau la une de l’actualité et que certains lieux traversés par le bus multicolore des danseurs ont été détruits par des bombes…

Gros succès au Liban, Bosta n’était programmé que dans cinq salles lors de sa sortie en France. Allez vite le voir, avant qu’il ne soit trop tard !

 

Céline Ammoun

 

Film musical libanais – 1 h 50 – Sortie le 21 février 2007Avec Rodney El Haddad, Nadine Labaki, Nada Abou Farhat

 

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www.bostathemovie.com